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Un parti reste un parti

Un Pouvoir, tout Pouvoir, a besoin d’être contrôlé. C’est la raison d’être du Parlement. Mais si le Parlement est outrageusement de même couleur que le Pouvoir, son devoir de contrôle devient nul. C’est pourquoi, en plus d’envoyer des députés à l’Assemblée, le peuple génère des ONG pour sauvegarder les valeurs constitutionnelles, en toutes circonstances.

Le parti est différent d’une ONG. Lui a un projet de société et son objectif, voire son obsession, est de prendre le pouvoir. Quand il vise le pouvoir, c’est pour lui-même. Il ne lui viendra pas à l’idée d’aider un concurrent à prendre ce pouvoir.

Toutefois la logique veut que quand le pouvoir en place empêche l’alternance par tous les moyens, les partis d’opposition créent un front commun pour le combattre. Mais si le pouvoir en place a su habilement affamer ces partis, leur union n’a pas de chance de durer ou même risque d’être tuée dans l’œuf. C’est ce à quoi on assiste au Togo.

Là-bas, une institution, l’Armée, s’est emparée du château présidentiel et a levé le pont-levis depuis longtemps, empêchant tout parti d’accéder au château. Lundi, un parti vient tenter de rabaisser le pont-levis, il échoue. Mardi, un autre vient, seul lui aussi, et il échoue. Mercredi, ayant enfin compris que l’union fait la force, le parti du lundi et celui de mardi se mettent ensemble pour baisser le pont-levis. Comprenant que cette fois le pont peut baisser, du haut de son château, le châtelain jette des billets de banque dans le canal rempli d’eau. Lundi et Mardi se jettent à l’eau pour ramasser les billets et l’union Mercredi éclate. Retour à la case départ.

Pour se donner des airs de démocrate, tous les cinq ans, le châtelain organise un semblant d’élection. Il perd à chaque fois dans les urnes mais les organes chargés des élections sont à sa solde. Peu importe qu’il perde en nombre de voix, il sort toujours gagnant. La dernière fois que ce jeu de dupes a été organisé, le châtelain a pris des précautions : les seuls observateurs admis sont ceux qui lui sont acquis. Les incorruptibles qui ont quand même pointé du nez ont été cueillis et enfermés comme des malpropres. Une grande puissance dont ressortissent les malheureux observateurs s’est sentie humiliée et a décidé de laver son honneur.

Les élections du 22 févier 2020 ont divisé les partis d’opposition. Certains pensaient que participer à cette mascarade était une manière de légitimer le châtelain. J’ai soutenu le même point de vue. D’autres au contraire disaient : « on ne sait jamais ». Le soutien d’un prélat, ancien Président du Haut Conseil de la République qui tenait lieu d’assemblée nationale au sortir de la Conférence nationale souveraine des années 1990, à l’un des candidats concurrents du châtelain en a rajouté au caractère mystique du « on ne sait jamais ».

Résultat, le châtelain a encore une fois perdu dans les urnes. On y est habitué. La différence, cette fois, est que le candidat arrivé en tête est soutenu par le vigoureux prélat de quatre-vingt-dix ans. Et pas seulement. Mr Agbéyomé Kodjo bénéficie aussi d’un soutien extérieur, une première au Togo. En effet, la plus grande puissance du monde réclame un décompte bureau de vote par bureau de vote. Désormais il ne manque plus à Agbéyomé que le soutien du peuple, aussi bien ceux qui lui ont donné la majorité des voix dans les urnes que ceux qui ont intérêt à voir l’Armée et Faure dégager du château.

Seulement voilà, parmi ceux qui veulent voir partir Faure, il y en qui attendent un signal de leurs dirigeants. La discipline du parti règne, c’est normal. Mais aucun mot d’ordre ne viendra, car quel parti viendra-t-il soutenir un autre à prendre le pouvoir ? Un parti reste un parti et raisonne en termes de pouvoir à prendre et à exercer par lui-même. Quand ce n’est pas le cas, la tyrannie peut continuer. Aucun parti hors de la sphère du RPT-UNIR ne donnera l’ordre à ses partisans d’aller soutenir l’élu des urnes. C’est au peuple lui-même de prendre ses responsabilités. A ceux qui croient au miracle, en voilà un, un vieux de 90 ans et les USA aux côtés de quelqu’un qui peut mettre fin à la tyrannie au Togo.

Si, musulman et menacé par un lion affamé, tu refuses l’aide du phacochère sous prétexte qu’il est un cochon sauvage, tu te feras dévorer.

Zakari Tchagbalé

 

 

Un parti reste un parti