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Confinement, triple peine ?

Le Covid-19 est au cœur de l’actualité mondiale. Et chaque continent, chaque pays doit se déterminer face à l’épidémie, en fonction de sa situation sanitaire, de ses moyens, etc. Cela ne se fait pas sans difficulté car derrière tout cela, il y a d’énormes intérêts économiques (ne voit-on pas déjà les laboratoires se battre pour être les premiers à sortir un vaccin commercialisable dans le monde entier ?). Ce qui pose surtout problème c’est la politisation de la question et l’intervention des réseaux sociaux où chacun raconte ce qu’il veut en fonction de son propre état d’esprit n’améliore pas la situation.

Où en sommes-nous en Afrique par rapport à ce contexte ?

Pour l’heure, intéressons-nous à la mesure qu’on recommande d’abord pour éviter que le virus ne se répande pas plus rapidement encore qu’il ne le fait déjà : le confinement. Il s’agit de demander aux gens de rester chez eux, de ne pas fréquenter les lieux publics sauf pour besoin urgent. Nous avons vu les images venues de Chine, d’Italie et de France à ce sujet.

S’il fallait le faire en Afrique, au Togo, il y aurait d’abord un premier palier à franchir : informer suffisamment les gens sur la maladie, sur le sens de cette prévention, donner des informations fiables. Or à l’heure actuelle, on ne sait pas trop qui écouter, la voisine qui dit que le Coronavirus peut se trouver dans la friperie, ou le pasteur qui promet que sa prière est efficace ? Ceux qui cherchent désespérément les masques et le gel, ceux qui recommandent de se laver les mains au Sodabi, ou ceux qui s’en remettent aux autorités pour savoir ce qu’il y a à faire ? Et surtout on se demande si la mesure de confinement ne va pas tomber demain ou après-demain. Les responsables de l’Eglise Catholique ont donné des consignes sans parler des célébrations, pendant que l’Etat interdit les rassemblements de plus de 100 personnes sans parler des établissements scolaires. Que faire ?

Première peine due au confinement : angoisse des citoyens.
Mais s’il fallait appliquer le confinement, comment cela se ferait-il concrètement ?

Le confinement consiste à rester chez soi. C’est clair. Mais qu’est-ce que « chez soi », si on exclut la minorité qui vit en appartement ou en villa, les citoyens vivent dans les cours communes, avec des logements souvent exigus et si chauds qu’en ce moment beaucoup dorment dehors. Faut-il se confiner dans les cours ? Or ces cours ne sont pas souvent fermées, on le voit pendant les vacances : il est impossible de retenir les enfants qui trainent alors dans la rue…
Et comment vider les rues, lorsque la plupart des citoyens n’ont pas les moyens du moindre stockage, de l’eau potable d’abord, qu’il faut aller acheter tous les jours, ensuite des denrées alimentaires soit parce qu’ils n’ont ni congélateur, ni même réfrigérateur, soit surtout parce qu’ils sont nombreux à vivre dans la précarité avec des revenus journaliers : femmes qui vendent du pain, de la bouillie, du riz, conducteurs de mototaxis, etc., toute cette économie informelle qui fait vivre des centaines de milliers de gens en ville, car la question du confinement concerne d’abord les agglomérations urbaines, nous semble-t-il.

Dans les pays occidentaux, des mesures d’accompagnement sont proposées pour que les individus comme les entreprises ne subissent pas de plein fouet les retombées économiques et financières de l’épidémie. Va-t-on nous proposer quelque chose ? Cela ne semble guère réaliste d’attendre quelque chose.

Double peine du confinement : la pauvreté va nous empêcher de vraiment le mettre en œuvre, mais plus que cela la mesure du confinement va enfermer les plus pauvres dans leur pauvreté au quotidien, sans que personne ne semble s’occuper vraiment d’eux.

Oui personne ne s’occupe vraiment de nous en vérité, de notre vie, de nos habitudes culturelles dans ce contexte de pandémie. Les pays africians envoient des étudiants en Chine et il y en avait à Wu-Han, premier épicentre de la maladie : c’est sur RFI que nous les avons entendus exprimer leur détresse ; que leur est-il arrivé finalement ? et particulièrement il y avait des Togolais parmi ces étudiants, qu’est-ce qui a été fait ? Les familles ont-elles dû se débrouiller toutes seules ? Et s’ils sont revenus, qu’en est-il des quatorze jours de quarantaine, confinement indispensable pour protéger la population ?

Parlons à présent des habitudes culturelles : nous avons déjà développé la question de la mise en œuvre du confinement dans les cours communes, que recommande-t-on aux gens ? Le monde entier a félicité les autorités du Sénégal, parmi les premières à décréter le confinement en Afrique. Sans nous prononcer sur comment cela se fera dans une ville comme Dakar où tant de gens, d’enfants, talibés et autres, traînent à longueur de journée dans les rues, nous voudrions d’abord vous informer de ceci : avant de prendre la mesure les autorités, ont laissé le célèbre pèlerinage de Touba se dérouler car elles n’ont pas pu contrer la confrérie des Mourides à ce sujet. A ce pèlerinage sont venus des milliers de Sénégalais de l’intérieur du pays mais aussi d’Europe, en pleine épidémie du Coronavirus, au moment où le confinement n’était pas aussi strict que maintenant.

Alors, de qui s’occupe –t-on en premier ? De soi-même et de ses intérêts politiques ? Que devient alors la population, ceux qui, semble-t-il, vous ont élus pour que vous preniez soin de leur bien-être ?

Triple peine du confinement : la décision sera peut-être prise mais en fonction du bien commun ou la gloire politique de quelques-uns ? Dans ce dernier cas le confinement nous enfermera dans un système où quelques-uns profitent de tout sans s’intéresser aux autres.

Cependant, cette triple peine devrait nous ouvrir les yeux à nous autres citoyens : nous devons compter d’abord sur nous-mêmes.
Ainsi pour ce qui est de l’information sur la maladie : nous avons des scientifiques et des médecins, est-ce interdit de nous informer sur un site créé à cet effet ? Les autorités en prendraient-elles ombrage, Pourquoi ? Nous avons des chimistes et des pharmaciens, ils ont la formule du gel, ils peuvent en fabriquer, peut-être. Et pour les intrants, les contenants, tant de chefs d’entreprise pourraient contribuer à leur achat non ? Nous avons des spécialistes en Santé Publique au sein du personnel paramédical : organiser une réunion d’information dans une maison, sur les précautions à prendre, sur la protection individuelle et collective, est-ce interdit ?

Et si malgré tout nous avons peur, les paroisses et autres lieux tenus par les religions ne peuvent-ils pas abriter de petites réunions de moins de 100 personnes pour les informations et la formation aux gestes de prévention ?

Et tous ceux qui travaillent dans les média, n’y a-t-il pas moyen de mettre rapidement sur pied un collectif qui s’occupe des parades et surtout de la prévention de cette épidémie ? Comptons-sur nous-mêmes, car c’est nous et nos enfants qui sommes les premiers concernés ! Ne laissons pas le coronavirus nous confiner dans la pauvreté et l’inaction.


Par Maryse QUASHIE et Roger E. FOLIKOUE

 

 

Confinement, triple peine ?