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Trente Ans de Tempêtes
Durant trois décennies, Mari Pardon et Ma Bèlle ont partagé un foyer, construit une vie et traversé des épreuves ensemble. Pourtant, au fil des ans, les conflits se sont insinués, d’abord discrets, presque anodins, puis insidieux, rongeant chaque jour un peu plus l’harmonie qu’ils avaient tant chérie.
Chaque discussion devenait une joute, chaque silence un mur infranchissable. Les non-dits s’accumulaient comme des nuages lourds au-dessus de leur maison, et peu à peu, l’amour cédait sous le poids du ressentiment. Jusqu’au jour où Mari Pardon, incapable de supporter davantage la pression, prit une décision irréversible : partir.
Laissant derrière lui Ma Bèlle et leurs enfants, Mamiro et Coucou, il s’enfonça dans la forêt, cherchant dans l’ombre des arbres une paix qu’il ne trouvait plus chez lui. Mais la nature, mystérieuse et impitoyable, avait d’autres plans pour lui. Un oiseau aux plumes éclatantes lui barra la route, lui offrant un message énigmatique : "Rentre chez toi, ta femme t’attend. Rentre avant qu’il ne soit trop tard."
Troublé, Mari Pardon hésita. Avait-il fui pour se libérer, ou simplement pour se perdre ? L’oiseau lui révéla alors une vision déchirante : Ma Bèlle, assise au bord d’une rivière, le regard noyé d’espoir et de désespoir.
Face à cette vérité qu’il ne pouvait ignorer, Mari Pardon plongea dans une profonde introspection. Son départ n’avait pas effacé les années passées, ni soulagé la douleur qu’ils avaient tous endurée. Était-il prêt à affronter ce qu’il avait fui ?
Lorsque la nuit enveloppa la forêt, il fit son choix. Il reviendrait. Non pas simplement comme un homme qui rentre, mais comme un mari et un père prêt à reconstruire ce qui avait été brisé. Il cueillit un bouquet aux couleurs de l’oiseau – bleu, jaune, vert, rouge – symbole de son retour et de sa promesse.
Porté par cet acte, il reprit le chemin de sa maison. Car parfois, même après trente ans de tempêtes, il suffit d’un souffle, d’un signe, pour retrouver la lumière