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Tentation du 3è mandat au Sénégal: La Trouvaille Originale de l’Opposition pour Mobiliser le Peuple Contre le président Macky Sall

Au Sénégal, depuis la réforme constitutionnelle de 2016 qui a réduit la durée du mandat présidentiel de sept (07) à cinq (05) ans, l’opposition et des organisations de la société civile n’ont cessé de soupçonner le Président Macky Sall de vouloir briguer un troisième mandat.

La crainte de l’opposition se justifie par le fait que des juristes estiment que juridiquement, Macky Sall peut de nouveau se présenter à l’élection présidentielle pour la 3ème fois consécutive afin de briguer un 3ème mandat (le 2ème de 5 ans après celui qui est en cours).

Selon ces juristes qui, de toute évidence, font totalement abstraction de l’esprit de la limitation des mandats, la réforme constitutionnelle de 2016 a remis le compteur à zéro. Par conséquent, Macky Sall est en train de faire son premier mandat de cinq ans et est habilité à faire un second.

Le Président sénégalais épouse le point de ces juristes qui semblent ne pas tenir compte dans leur analyse du mandat des 7 ans qu’il a passé à la tête du pays avant d’entamer celui de cinq ans en cours depuis 2019. En marge du sommet USA-Afrique tenu à Washington du mardi 13 au jeudi 15 décembre 2022, le Président sénégalais a soutenu au micro du New York Time que juridiquement il n’y a pas de débat sur la possibilité ou non pour lui de se présenter à l’élection présidentielle et d’ajouter : « Se présenter ou non, c’est ma décision, quand j’aurai décidé, j’en informerai le peuple ».

Mais, il y a d’autres juristes qui ont un avis contraire à celui du successeur de Me Abdoulaye Wade. Pour ces derniers, au regard de la nouvelle constitution, Macky Sall n’est pas habilité à être candidat à la fin de son mandat en cours. En fait, la constitution issue de la réforme de 2016 n’a pas fait sauter le verrou de la limitation du nombre des mandats à deux. Elle a simplement réduit la durée du mandat de 07 à 05 ans. A ce propos, l’article 27 de ladite constitution en son alinéa 2 stipule : « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Or, Macky Sall est en train de faire son second mandat qui arrivera à terme en 2024.

Seulement, en dépit du verrou constitutionnel qui empêche quiconque d’effectuer plus deux mandats consécutifs, Macky Sall semble vouloir foncer tête baissée. Certes, par devoir de vérité, nous sommes dans l’obligation de reconnaître qu’il n’a pas encore dit qu’il sera candidat à sa propre succession en 2024. Il n’a non plus dit qu’il ne le sera pas. Malgré les nombreux appels en direction du Président pour qu’il dise clairement qu’il est à son dernier mandat, il continue d’entretenir le flou sur ses réelles intentions. Cette attitude renforce dans l’opinion les soupçons sur son désir de briguer un troisième mandat dans un pays qui a toujours donné l’exemple en matière de démocratie en Afrique francophone.

Quant à l’opposition, ses faits et gestes font penser qu’elle est certaine d’une prochaine candidature Macky Sall. D’ailleurs, l’opposition est convaincue que les accusations de viol portées contre l’étoile montante, Ousmane Sonko, relèvent d’un complot ourdi par le Président de la République pour écarter un adversaire de taille de la course au fauteuil présidentiel. Il est opportun de rappeler que plus d’un Sénégalais accusent Macky Sall d’avoir utilisé la justice pour éliminer, lors des élections passées, les opposants Karim Wade et Halifa Sall.

Pour cela, l’opposition sénégalaise s’organise. Elle fourbit ses armes pour empêcher le Président actuel de capter un troisième mandat comme elle avait empêché dans les urnes Abdoulaye Wade de le faire. A l’époque, l’actuel Président était lui aussi opposé à un 3ème mandat qu’il semble aujourd’hui lorgner. Ainsi, l’opposition cherche à mettre en œuvre une stratégie efficace.

A ce propos, à analyser à fond les déclarations de certains opposants, on se rend compte que l’opposition veut surfer sur le sentiment antifrançais pour barrer la route à Macky Sall. Il y a des indices qui permettent à tout observateur avisé de comprendre que l’opposition veut présenter Macky Sall comme le candidat de la France. L’opposition espère ainsi susciter contre lui une réprobation totale du peuple sénégalais dans sa majorité. Cette stratégie, de l’avis de nombreux analystes de la politique africaine, est une trouvaille originale qui va certainement faire mouche. Les ressentiments de nombreux africains vis-à-vis du passé colonial de la France et la survivance de certaines actions caractéristiques de la sinistre Françafrique nourrissent en Afrique un sentiment antifrançais qui va crescendo et qui est devenu un cri de ralliement pour certaines causes, notamment la lutte panafricaniste contre le néocolonialisme.

L’opposition sénégalise a bien compris que le sentiment antifrançais est devenu un cri de ralliement des populations africaines, notamment les jeunes. En conséquence, cette opposition ne compte pas se priver de cette arme que constitue la montée dans l’opinion du sentiment antifrançais pour conquérir le pouvoir et surtout pour empêcher un éventuel 3ème mandat de Macky Sall. Ce que nous disons ici repose sur des faits avérés. Il y a quelques jours, lors de la présentation à l’Assemblée Nationale du programme de gouvernement du Premier ministre, un député de l’opposition a accusé publiquement le pouvoir de vouloir faire allégeance à la France afin d’obtenir le soutien de cette dernière lors de la prochaine élection présidentielle. S’adressant au premier ministre, voici en substance les propos de cet élu de la nation : « Monsieur le Premier ministre ! Vouloir faire allégeance à la France et être le candidat de la France en 2024 ne vous autorise pas à dire à Paris, il y a deux ou trois jours de cela, ce sont vos propos, je cite : le seul problème entre le Sénégal et la France, c’est qu’il n’y a pas de problème. Nos parents, nos arrière grands parents tirailleurs sénégalais assassinés par centaines en 1944 ici à Thiaroye vous entendent. Les victimes du néocolonialisme français, d’hier à aujourd’hui vous entendent et vous regardent, Monsieur le Premier ministre… ». En réalité, en s’adressant au Premier ministre, ce député, très éloquent pointe du doigt le Président de la République

Info ou intox? Nous n’avons pas pour le moment des éléments qui nous permettent d’affirmer que la France soutient ou ne soutient pas Macky Sall pour faire un 3ème mandat. Par contre, ce dont nous sommes sûrs, c’est que le courant passe très bien entre le Président sénégalais et les autorités françaises, en témoigne le dernier conseil des ministres conjoint entre les deux gouvernements tenus en France récemment.

Cependant, est-ce que l’on peut sincèrement et honnêtement soutenir que, parce que les relations sont excellentes entre les autorités françaises et le pouvoir sénégalais, la France soutient Macky Sall pour un nouveau mandat ? Personnellement, nous pensons que la rigueur intellectuelle ne le permet pas.

Mais, l’opposition espère que l’allégation du soutien de la France à Macky Sall sera prise pour argent comptant par des millions de Sénégalais surtout que pour le moment, la France qui est mise en cause garde un silence qui peut être facilement interprété par ses détracteurs comme un consentement. Par les temps qui courent, il n’est pas aisé d’être perçu comme un profrançais dans beaucoup de pays africains.

Le revers d’une stratégie basée uniquement sur le rejet de la France

Quand l’on est en guerre, on ne peut volontairement se priver d’utiliser les armes qui peuvent permettre de prendre un avantage sur l’ennemi. Donc, c’est bien réfléchi si, comme tout l’indique, l’opposition sénégalise surfe sur le sentiment antifrançais pour barrer la route à Macky Sall et sa mouvance. La démocratie a besoin d’alternance et on peut se permettre de dire que tous les moyens sont bons pour l’obtenir.

Mais, la stratégie consistant à présenter Macky Sall comme le candidat de la France a la faiblesse d’atténuer sa culpabilité voire de le déculpabiliser et c’est extrêmement grave à notre avis. Le message que l’opposition sénégalaise envoie à l’opinion est celui-ci : c’est parce que Macky a le soutien de la France qu’il veut faire un troisième mandat. Pris sous cet angle, ce n’est pas Macky Sall qui sera le coupable de la violation de la constitution de son pays, mais la France. Mais dans la réalité, c’est parce que le Président du Sénégal veut faire un 3ème mandat illégal qu’il cherche des complices à l’international. En matière de justice, il est vrai qu’on condamne aussi bien l’auteur d’un acte délictueux que son complice. Mais une justice qui condamne le complice et relâche l’auteur de l’acte incriminé n’en est pas une.

Les gens peuvent penser, au regard de l’attitude complaisante de la France face au 3ème mandat de Ouattara, qu’elle voudrait, pour la poursuite de bonnes relations avec le Sénégal, que Macky Sall rempile en 2024. Ceci est condamnable, parce que les relations entre deux États dépassent le cadre de simples individus qui sont mortels. Si Macky Sall parvient à capter un 3ème mandat, portant ainsi atteinte à la jurisprudence démocratique au Sénégal, il sera le seul et véritable coupable.

Il est temps que nous cessions de fuir nos responsabilités dans ce qui nous arrive en Afrique. Il est surtout temps d’abandonner la rhétorique tendant à faire croire que nos dirigeants ne posent que des actes qui leur sont dictés de l’extérieur contre leur gré. La vérité est qu’il il y a longtemps que les grandes puissances occidentales n’ont pas les moyens d’imposer leur volonté à nos dirigeants. La montée en flèche des intérêts d’autres puissances en Afrique illustre de manière parfaite le fait que nos dirigeants ont de véritables marges de manœuvre pour traiter avec qui ils veulent. Ce sont nos dirigeants qui vont, de leur propre gré, s’adosser à la France et à d’autres puissances pour préserver leurs intérêts et ceux de leurs clans. Et quand c’est comme cela, ces puissances, fussent-elles de l’Ouest ou de l’Est, exigent naturellement une contrepartie.

Ne nous trompons pas, les grandes puissances auront toujours des préférences entre nos hommes politiques en Afrique. Mais cela ne doit en aucun cas être considéré comme un permis octroyé à ces politiques de piétiner nos propres textes et lois. Quand il y a des élections aux USA, en France, en Allemagne et ailleurs, les Présidents africains ont aussi leurs préférences entre les candidats. C’est de l’ordre normal des choses. Mais ces Présidents des pays occidentaux n’ont jamais été accusés de faire la volonté des Chefs d’Etat africains.

La Rédaction

Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info

 

 

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