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«Que signifie le mot Équipe? C’est la plus belle chose au monde, il n’y a pas de couleur. La couleur reste le bleu, blanc et rouge.» Michel Hidalgo.
Avec les mouvements des populations à travers le monde pour diverses raisons: dictatures, guerres ou recherche d’une vie meilleure, les peuples métissés ici et là, sont de plus en plus la norme à travers la planète depuis quelques décennies. Les populations autochtones dans différents pays en Europe, par exemple, de race blanche, ont connu et accepté l’arrivée d’autres peuples, pas forcément de la même couleur de peau. Ce que nous vivons aujourd’hui en France avec la présence de beaucoup de joueurs noirs d’Afrique dans l’équipe de football de ce pays d’Europe, n’est que la conséquence inévitable du flux migratoire de ce dernier siècle.
Pour la petite histoire, jusqu’en 1930, l’équipe de France de football ne compte que des Blancs! Il faut attendre le dimanche 15 février 1931, à l’occasion d’un match amical entre la France et la Tchécoslovaquie, pour qu’enfin un joueur noir, originaire d’Afrique subsaharienne, soit aligné sur le terrain. Âgé de 21 ans, Raoul Diagne joue au Racing. Il appartenait à une famille aisée originaire du Sénégal. Son père, Blaise Diagne, avait été le premier député africain noir à sièger à la chambre des députés. Aujourd’hui, l’équipe de France de football compte plus de joueurs noirs que de blancs; et c’est ce phénomène qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une polémique qui n’a pas commencé avec la coupe du monde au Quatar, mais bien avant.
Aux États-Unis, dans la presse, la question de la valorisation des origines des joueurs français a fait l’objet d’un véritable débat. L’ancien président américain Barack Obama lança lors d’un discours en Afrique du Sud en 2018 pour le centenaire de Nelson Mandela: «Regardez l’équipe de France qui vient de remporter la coupe du monde. Tous ces gars ne ressemblent pas, selon moi, à des Gaulois, mais ils sont Français, ils sont Français! » En réponse à une question en conférence de presse sur la problématique, l’entraineur des Bleus, Didier Deschamps, déclara: «L’équipe de France a des joueurs d’origine africaine et d’outre-mer. Ça a toujours été une richesse pour le football, pour tous les sports français. Ils sont tous français et tous fiers d’être français. »
Si nous avons choisi de fouiller sur la toile pour insister sur des passages qui, au lieu de s’arrêter au sport, de parler de football, s’intéressent à l’origine africaine de la majorité des joueurs de l’équipe de France, c’est qu’il y a donc un problème devant lequel nous n’avons pas le droit de jouer à la politique de l’Autruche. Pour les uns, en Afrique, en France, en Europe ou dans le monde entier, le fait que des joueurs noirs d’origine africaine soient trop visibles en équipe de France de Football, serait une bonne chose, une réussite de la politique d’immigration; pour les autres, en France surtout, en Europe, en Afrique et un peu partout dans le monde, cet «envahissement» des noirs en équipe de France de football serait le fait de Français de souche, incapables, obligés de faire recours à des joueurs d’origine africaine pour les représenter. Et les plus radicaux des commentateurs en Afrique, n’hésitent pas à faire le parallèle entre les tirailleurs africains qui avaient libéré la France des griffes de l’armée nazie en 1945. N’est-ce pas un peu exagéré? En France même, des citoyens, relayés par une certaine presse, se mettent à parler en des termes insultants et racistes de ces joueurs de couleur, surtout que deux d’entre eux avaient raté leurs tirs au but dimanche dernier, synonyme de la défaite de la France en finale contre l’Argentine.
D’autre part, si des personnalités politiques pas des moindres, comme l’ancien président américain, Barack Obama, en 2018, qui se mit à parler des joueurs de l’équipe de France qui ne seraient pas tellement gaulois, ce serait trop facile d’estampiller les citoyens français blancs qui en parlent, de racistes. Si des équipes nationales africaines connaissaient ce «problème», ce phénomène ou cette chance, -c’est selon-, d’avoir une majorité de joueurs expatriés de couleur, évoluant en leur sein; quelles seraient les réactions des supporters de ces équipes africaines concernées? Voilà la question que nous devrions nous poser, en essayant de nous mettre à la place des Français qui sont aujourd’hui concernés par ce phénomène. En tant qu’Africain c’est une grande joie pour nous qui vivons surtout dans la diaspora, de voir évoluer dans les championnats allemand, français, anglais…ou dans une équipe nationale européenne, des noirs qui sont nos jeunes frères ou même nos fils. Mais certains Français ont-ils le droit de traiter, des joueurs qui mouillent le maillot pour la France, comme des moins que rien, parce que tout simplement, d’après la couleur de leur peau, ils seraient d’ailleurs? Avons-nous le droit, en tant qu’Africains ou autres, d’empêcher ou de traiter automatiquement de racistes, les Français qui évoquent ce phénomène dans leur équipe nationale? Qu’aurions-nous fait chez nous, comment nous serions nous comportés si des équipes nationales du continent noir étaient concernées? Pour nous, c’est la question principale autour de laquelle devrait se tenir le débat qui pourrait nous permettre de méditer afin que les uns et les autres ne soient pas traités, sans raison valable, de racistes.
Pour le moment, nous ne souhaitons pas et ne croyons surtout pas à une démission en cascade de nos valeureux jeunes frères ou fils évoluant en équipe de France de football, parce que certains hommes politiques et une certaine presse mal inspirés de l’Hexagone leur ont manqué de respect à cause de la couleur de leur peau. Il est vrai que «Les Bleus», ne sont plus tellement «bleus». Mais est-ce une richesse ou un handicap pour cette France à laquelle nous sommes tant liés? Ça, c’est une autre paire de manches.
Joyeux Noël et bonne et heureuse année 2023!!!
Samari Tchadjobo
Allemagne