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Le zèle d’État sur l’engagement de coercition pour le retour des boursiers à la fin de leurs études à l’étranger

« Si extrêmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens.» Octave de MIRABEAU, dans Le Journal d’une femme de chambre, nous prévient des abus, des actes détraqués, condescendants et licencieux de ceux qui ont une parcelle de pouvoir et qui se croient si haut perchés pour écraser leurs semblables sans imaginer que le chagrin qu’ils sèment développe la puissance de l’inspiration chez leurs victimes en lesquelles s’explose le sens de la liberté.

La souveraine raison, chaque homme en a le don et en est si bien pourvu qu’il suffit que la nécessité lui donne un fouet et que la volonté la porte dans la transcendance pour s’affranchir des chaînes de l’oppression. Il ne faut jamais sous-estimer chez un homme l’autonomie de la raison et sa capacité combinatoire pour créer des horizons et échapper à l’autoritarisme qui, du reste, ne fait jamais l’autorité.

La dérégulation de l’autorité n’a que d’exhibition dans la perversion du sens pour afficher sur le parvis du ridicule, le zèle de troubadours et de propagandistes qui produisent du spectacle aux éclats de caprices qui n’intéresse pas grand monde.

Personne ne peut prétendre enseigner aux citoyens d’un pays la conscience civique, la morale par contrainte et par coercition, parce qu’ils n’ont surtout pas besoin de maîtres à penser, mais des principes d’identité, c’est-à-dire, des modèles, des étalons à qui s’identifier au sommet de la gouvernance de leurs pays. Les étudiants togolais qui finissent leur formation à l’étranger ne sont pas des enfants. Ils n’ont pas la force ni la faiblesse de détester leur pays dont ils sont redevables. Ils ont aussi un grand esprit de discernement pour comprendre le mode de gestion de leur propre pays, le plan de carrière qui les attend, les critères fallacieux de promotion des cadres du pays, la discrimination à l’embauche, le régionalisme et le tribalisme qui sous-tendent les recrutements comme nous l’indique, y a peu, un ancien ministre de la République, l’éventail de chômage qui plonge les cadres dans la diète noire par opposition à leurs propres ambitions.

Comment penser qu’un engagement de coercition supposée suffit à prescrire à un adulte le chemin qui mène chez lui ?

Quel pays au monde et quel leader politique ont-ils réussi à imposer à leurs concitoyens de mission le devoir impératif de retour au pays ?

1) Une bien curieuse habileté de persécution des étudiants togolais

Les enfants sont des créanciers naturels de leurs familles, de leurs parents du simple fait qu’ils ont bénéficié de leur assistance, de leur secours, de leur protection, de leurs sacrifices, de leur soin sans limite. Personne n’apprend cette exigence morale aux progénitures, à la descendance en ce que le contrat d’obligation morale est tacite, éthique, humain. Le monde est un partage de solidarité diachronique et synchronique au regard de liens qui nous rassemblent et au nom desquels nous nous sentons hommes.

L’exigence morale s’éprouve dans la bonne conscience par le flux et le reflux de nos partages, du respect mutuel et de la concorde que nous instaurons dans les rapports pour nous élever au rang de la collectivité. C’est pourquoi dans un Etat de normalité républicaine et des libertés, les citoyens sont redevables à leur pays et il suffit de peu pour donner un fouet à la conscience pour porter haut le devoir de solidarité et de défense de la patrie.

En revanche, les Etats proprement défaillants qui croient que les citoyens sont des sujets à vivre aux rythmes de leurs caprices et à la fanfare de leur irrévérence, de leur condescendance et de leur mépris sont absolument dans les incartades de leurs pauvres illusions en ce que l’épanouissement du citoyen en tant qu’homme est le réflexe de défense qui devient une quête pour tout citoyen lorsque l’Etat a perdu les fondements de paix et de sécurité qui sont les gages de la formation de l’Etat, comme nous l’apprend Thomas HOBBES, dans Le Léviathan.

Toute autorité s’use de ses carences et se noie dans l’autoritarisme quand elle ne sait pas se regarder en face dans le reflet de la vérité pour une humilité qui est l’antichambre de sa propre restauration et de la grandeur. La violence, la barbarie, la défiance sont les serres du grand malheur des Etats et des gouvernants remplis du vide conceptuel du vivre-ensemble.

Le renoncement est un droit imprescriptible et souverain de notre puissance affective, cognitive, éthique et humaine. Quand la droiture, la justice, l’équité, l’humanité, le sens de la mesure ne bornent pas la gouvernance, les cruautés saillantes affleurent de l’accoutumance perverse de la gestion des affaires publiques pour chasser les citoyens de leurs propres pays. Pour gouverner, il y a des bases intangibles et référentielles qui remorquent la concorde civile, parce que les libertés, la dignité, l’humanité, la sécurité font le cocon de confiance dont les citoyens ont besoin pour un confort d’attachement à la terre qui les a vus naître. Louis XIV, dans ses Mémoires trouve la bonne formule pour prêcher le devoir de concorde qui revient aux gouvernants en ces termes : « Les règles de la justice et de la dignité humaine conduisent à l’utilité-même ».

Quand un Etat n’est pas juste ni respectueux de l’humain-patron, quand il est peu soucieux de l’intégrité morale, physique, psychologique des citoyens, il se replie sur ses bases vermoulues des préservations de pouvoir en croyant que la force suffit à l’autorité et que la répression garantit sa visibilité. Les citoyens ne sont pas des serfs assujettis à des souverains qui ont le droit de les exploiter à satiété. Ce n’est pas parce qu’un Etat a investi dans la formation des citoyens qu’il doit les frapper de conditions misérables de travail et d’une rétribution honteuse.

La politique de volontariat qui apparaît comme la grande alternative de création d’emploi pour nos gouvernants n’est pas sécurisante pour nos étudiants qui ont le droit de vivre leurs ambitions. Le service public de gratuité n’est ni correct ni attractif, pendant que nos ressources et les richesses de ce pays sont accaparées par une minorité que dénonce le Chef de l’Etat togolais sans trouver la force de remédier à ce cloisonnement de rejet des masses, basculées dans le gouffre de la précarité. Un Etat qui installe un goulot d’étranglement pour les jeunes diplômés refuse, de facto, les jouissances attachées à la qualification. Etienne JODELLE nous apprend, dans Au Roi : « Qui se sert de la lampe, au moins de l’huile y met ». Il faut peut-être compléter la pensée de JODELLE qu’après l’huile, il faut de l’entretien et la protection pour la lampe qui nous sort de la nuit noire.

Il y a un zèle de fanfaron à vouloir par la persécution imposer un retour au pays aux étudiants de l’étranger. Cette vue de l’esprit n’a pas prospéré sous Fidel CASTRO de CUBA. Le cerveau humain échappe à l’étreinte de l’oppresseur quand la liberté explose dans l’âme du citoyen. Aucun gouvernant, aucun Etat ne saurait un jour prescrire aux citoyens avec qui ils vont se marier et le lieu d’exercice de leur formation.

C’est être médiocrement habile que de vouloir, par des menaces et de l’agitation, contraindre de jeunes togolais ouverts sur le monde, à la servitude administrative. L’esprit moderne est fécond pour se débarrasser d’un engagement en dentelles dont on veut faire un rempart contre la volonté libre d’une jeunesse qui a beaucoup d’éléments de comparaison pour faire un choix de vie.

2) Togo, un Etat démolisseur des compétences et des valeurs

Le seul vrai problème sérieux que nous ayons dans ce pays, c’est l’archaïsme conceptuel de l’Etat qui met tout à l’envers. L’individu ou le citoyen _nous insistons- n’est pas au service de l’Etat ; mais, c’est l’Etat qui est au service de l’individu pour promouvoir son épanouissement, garantir ses libertés, sa sécurité, lui offrir un cadre propice à l’éclosion de ses ambitions pour donner le meilleur de lui-même à la collectivité nationale. A partir de ces jalons, les orientations des gouvernants sont claires pour le service public, le respect du citoyen qui devient le centre d’intérêt de la gestion des affaires publiques.

Il faut bien chercher les motivations d’une désertion massive des étudiants togolais en fin de cycle, qui se détournent de leur provenance avec une volonté manifeste de mettre leurs compétences au service de l’étranger. Le principe bachelardien nous apprend qu’« en toutes choses, il faut savoir poser le problème ». Il est curieux que le ministère togolais n’ait pas pris la peine d’élucider les causes d’un évitement plantureux de jeunes togolais de leur propre pays. Le bricolage actif de ses solutions sur fond de menace est un amateurisme primaire qui laisse entier le phénomène de rejet qu’il tente désespérément de résoudre.

Il faut se départir des méthodes vieillies et des réflexes légers de la répression à ce siècle autre en ces mœurs pour mériter la confiance des citoyens et les remorquer lucidement à l’évolution de notre monde avec le tact patriotique qui coïncide avec la modernité de leurs ambitions.

Dans un pays où les serviteurs de l’Etat ne s’épanouissent que dans un cercle exclusif des troubadours du régime, où les promotions sont à la carte du patronyme et d’une typologie classificatoire des citoyens, la distance se cultive dans le fossé des origines et prépare les compétences et les valeurs périphériques au régime à la désertion. Les principes faux de la gouvernance brisent naturellement la vie des gens, celle des fils dignes du pays qui réprouvent le système des ascenseurs gênants qui brouille la carte du rendement et du mérite. Le favoritisme courant, la discrimination ethno- régionaliste flambante, le militantisme puant écrasent dans l’anonymat les mérites, les compétences et les renommées intrinsèques, parquées dans le gouffre d’une insouciance d’Etat. Les jeunes diplômés togolais sont bien inspirés par cette réflexion simple de MONTESQUIEU, dans son œuvre, Mes Pensées : Rien ne marque tant le jugement solide d’un homme que de savoir choisir entre les grands inconvénients ».

Le fardeau de l’exil est peut-être plus supportable que le supplice de l’apartheid et de l’échec dans son propre pays. Le déchirement est insoutenable lorsqu’on a les compétences requises et acquises de haute lutte sans être capable de poursuivre ses rêves, d’en jouir à l’échelle de ses mérites. L’apartheid dans les critères de promotion et des jouissances est le moteur du déclassement des compétences que redoutent les “lumières du Togo “. Des exemples, à ce sujet, nous en avons treize à la douzaine.

Un ingénieur en électricité industrielle rentré au pays à la fin de ses études avec une femme blanche et un petit garçon de leur mariage a dû vendre une grosse partie de son équipement pour devenir charbonnier. Sa femme qui a perdu ses rêves l’a quitté. Nous nous rappelons le cas de Docteur AMONI, sorti de la faculté de médecine pour vendre de la cigarette au grand marché de Lomé. Il a fini par s’expatrier. Un agrégé de droit, enseignant à l’Université de Lomé, rentré de Poitiers où il avait commencé sa carrière fut transformé en vacataire pendant une dizaine d’années avant son intégration. Il est mort précocement en vivant chez sa maman, dans une banlieue crasseuse de la capitale.

Aussi avons-nous eu le privilège de rencontrer le grand chirurgien, Docteur AGBESHIE sur un vol et le hasard de juxtaposition de nos sièges a favorisé des discussions à cœur ouvert. Ce chirurgien tout à fait excellent exerçait son métier en France avant de se faire prier pour regagner le Togo. Il nous confiait qu’il allait faire une mise à niveau à Paris de sa propre poche en profitant de ses vacances, parce que la médecine est très évolutive. Il se désolait de l’état d’esprit des gouvernants de son pays dans la gestion des compétences. Il ajoutait qu’il s’était lourdement trompé en rentrant au bercail et que si c’était à refaire, il ne l’oserait pas. Il concluait qu’on a beau lutter pour que les choses changent, mais rien ne bouge au Togo.

Ce sont les mœurs des gouvernants qui fabriquent l’esprit des citoyens et non des lois, des menaces, des tribulations et des chants patriotiques.

Dossavi

Source : L’Alternative / presse-alternative.info

 

 

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