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Togo / Lutte contre le terrorisme et cohésion nationale : Le rachat impossible d’un pouvoir suffisant…

Dans la foulée des dernières attaques terroristes soldées par des pertes en vies humaines dans la région des Savanes, (le Tône et le Kpendjal), Faure Gnassingbé s’est rendu le 20 juillet dernier auprès des populations des localités endeuillées. C’était une occasion pour lui de rassurer ses hôtes et de « réitérer sa ferme résolution à rester unis et solidaires ». Si le message présidentiel revêt une importance capitale, on peut s’étonner que cet appel à la cohésion nationale, de beaucoup louable, n’ait pas pris en compte d’autres pans de la société que sont l’opposition et la société civile. Cet appel ainsi tronqué du fait de son caractère unilatéral, peut, bien loin de rassembler, produire un résultat pour le moins disruptif. Le communiqué récemment sorti par certains partis de l’opposition, où il est question de rassembler les forces politiques du pays, de quelque côté qu’elles viennent, doit être une bonne occasion pour le pouvoir de se racheter.

C’est accompagné des membres du gouvernement que Faure Gnassingbé a rencontré à Dapaong élus, autorités locales, services déconcentrés, groupements de femmes, associations de jeunes, religieux, leaders communautaires, qui sont autant d’acteurs-clés de la région.

Après avoir exprimé ses « condoléances aux familles éplorées, ainsi que la solidarité de toute la nation aux populations touchées », il a renouvelé sa « détermination à lutter contre le terrorisme, afin de protéger nos populations et garantir la paix et la quiétude sur toute l’étendue du territoire ». Conscient de l’enjeu de la démarche, le président en a appelé à « la mobilisation et la vigilance de tous, ainsi que la préparation du pays à apporter une réponse multidimensionnelle efficace face aux risques de contamination de la situation d’insécurité qui prévaut dans la région ».

On peut juger de la posture du tout nouveau Faure Gnassingbé, celle non pas de « Malbrough s’en va-t-en guerre », mais d’un homme qui, décidé à en finir avec ce fléau qui semble se jouer et des frontières et des stratégies des armées, s’implique à sa façon à trouver la bonne formule. Mais en se faisant accompagner des membres du gouvernement et d’eux seuls, sans pour autant rassembler derrière soi l’opposition et la société civile, composantes à tout le moins considérables de la société togolaise, on se demande si le coup du « cavalier seul » ne tournera pas au fiasco. Le terrorisme est un phénomène trop grave pour être l’affaire d’un seul gouvernement, d’une seule personne seul, s’agît-elle d’Hercule lui-même.

S’il était conscient de la gravité de la situation, Faure Gnassingbé devrait faire cause commune avec l’opposition dès les premières attaques, étant entendu que c’est toute la nation togolaise, sans exclusive, qui se trouve atteinte et qui part en guerre contre le terrorisme devenu un ennemi commun pour tous les Togolais. Le défaut de la cuirasse de l’État est de vouloir se donner le beau rôle dans une affaire où il n’est pas toujours aisé d’apparaître à son avantage.

L’exécutif s’est vu trop beau pour rassembler afin de faire front commun, cela n’a pas empêché les partis politiques tels que ADDI, CPP, MCD, PSR, SANTE DU PEUPLE et UDS-TOGO, de prendre les devants et de sortir le même jour où Faure s’offrait cette visite un communiqué où les signataires ont condamné « avec fermeté, ces attaques ignobles, lâches et barbares perpétrées contre la nation togolaise toute entière». S’ils se disent « préoccupés par la recrudescence des actes terroristes dans le pays en général et dans la région des Savanes en particulier et considèrent que la montée de l’extrémisme violent constitue une menace grave pour la paix, la sécurité, la stabilité et la cohésion nationales » ces partis politiques n’en ont pas moins invité le gouvernement « à faire de la lutte contre ces actes barbares une cause nationale impliquant toutes les composantes de la société togolaise ». Et de poursuivre : « La réponse à ce fléau ne peut pas être que militaire. Elle doit nécessairement intégrer les autres piliers que sont: le Développement, la construction d’un véritable État-nation et la Coopération sous régionale et internationale ».

L’opposition a par ce communiqué affiché sa volonté de travailler avec l’Exécutif pour éradiquer le mal djihadiste. C’est faire preuve de légèreté que de dire que l’opposition n’a aucun rôle à jouer, car elle dispose des bases assez solides sur l’étendue du territoire pour peser de tout son poids dans une lutte plus coordonnée, plus efficace. À charge pour Faure Gnassingbé d’accepter cette main tendue, à défaut d’en être à l’origine. Au péril de voir son appel à la cohésion nationale faire long feu, Faure Gnassingbé se doit de renvoyer l’image d’un Togo uni et gonflé à bloc pour résister aux forces du mal.

Il ne doit pas oublier que c’est son statut même de Président de la République, fonction dans laquelle on est amené en quelque sorte à incarner le peuple tout entier – et les diverses sensibilités qui le composent – qui l’oblige à dépasser les clivages nourris par des calculs politiques et autres visées électoralistes qu’il faut enjamber, quand l’intérêt suprême de la nation est menacé.

Sodoli Koudoagbo

Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info

 

 

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