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Pays francophones d’Afrique – Doit-on parler d’Indépendance ?

L’indépendance d’une nation s’exprime par son autonomie et juridiquement par sa souveraineté interne et internationale.

L’histoire nous apprend que les guerres de libération que la France affronte dans les années 50, particulièrement en Indochine et en Algérie, et les luttes pour l’indépendance subies dans les autres colonies, exercent une forte pression sur les autorités politiques et militaires françaises. Dans le but d’éviter la contagion guerrière, la France anticipe et concède aux peuples d’Afrique subsaharienne, colonisés ou sous mandat de l’ONU, une indépendance conditionnée par des accords de coopération.



Ce concept d’indépendance conditionnée revêt par conséquent deux aspects. D’un côté, les membres de l’ONU reconnaissent tout pays proclamé indépendant comme jouissant de sa souveraineté intégrale, interne et internationale. De l’autre côté, de par son caractère conditionné, cette indépendance-là ampute ladite souveraineté de plusieurs de ses pans essentiels. C’est ce que l’on observe avec les accords de coopération monétaire et les accords de coopération militaire.

Ces pays jouissant de cette indépendance conditionnée et étant donc privés de certaines prérogatives de souveraineté, peut-on alors réellement considérer qu’ils soient indépendants au sens des Nations-Unies ?

Depuis les années 60 jusqu’à nos jours, personne au sein de l’Organisation des Nations Unies ne semble se préoccuper de cette ambivalence. En réalité, « ces pays à indépendance conditionnée » ont un statut différent de celui des autres nations et ne devraient en principe pas jouir du même qualificatif de pays indépendants.

Certes, ces accords sont supposés relever du fait d’Etats devenus fraichement souverains, mais tout le monde sait dans quelles conditions ils sont ratifiés et par quels moyens ils sont maintenus tels quels depuis leur signature, il y a six décennies.

La règle qui est observée est que dans le club très fermé des membres permanents du Conseil de Sécurité, chaque grande puissance a pratiquement la latitude de faire ce qu’elle veut en matière de relations internationales. Ce fonctionnement est source de beaucoup de maux dans le monde, y compris des conflits armés. L’actualité de la guerre en Ukraine nous renvoie violemment à cette tragique réalité.



Au final, les indépendances proclamées dans les années 60, pour les anciennes colonies françaises ou territoires sous mandat, ne se résument-elles pas essentiellement à la reconnaissance internationale d’une collection de symboles que sont un hymne, un drapeau, une devise et un territoire ? C’est ce que je nomme par le néologisme Hydradet.

Pour ces pays, l’indépendance au sens de l’acquisition d’une souveraineté complète, à la fois interne et internationale, reste à conquérir. Et ce, en se délestant des conditions qui ont été greffées à la proclamation de l’indépendance.

C’est ce que la jeunesse d’Afrique francophone – largement ouverte sur le monde avec les réseaux sociaux – a capté. Cela forge désormais son engagement dans l’activisme politique.

Ce 27 avril est la date de reconnaissance du Togo par les Nations-Unies en tant que nouvelle Nation indépendante. La réalité est que les Togolais, qui subissent au quotidien les effets pervers de l’indépendance conditionnée, ne se sentent pas libres et n’ont guère le cœur à faire la fête. A quand enfin une nation du Togo, souveraine, en laquelle ses filles et ses fils puissent se reconnaître inconditionnellement ?

Pour ma part, en mémoire des sacrifices consentis par toutes les femmes et tous les hommes qui ont lutté pour la proclamation de la Nation Togolaise, et en rendant hommage à leur engagement, parfois sacrificiel, je suis reconnaissant et fier de porter cette nationalité.

Toutefois, dans l’état actuel des choses, il demeure en mon cœur difficile de souhaiter à mes compatriotes Togolais « Bonne fête de l’indépendance », contrairement à ce qui est largement répandu dans les usages.

Gardons l’espérance que cette expression reflète enfin un jour la réalité.

Gamesu

Nathaniel Olympio

Président du Parti des Togolais

 

 

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