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Affaire Togoland : Une plainte contre la détention des militants

’Organisation des Nations et des Peuples non représentés (UNPO) a déposé une plainte auprès du Groupe de travail des Nations Unies dénonçant la « détention arbitraire » des militants du mouvement, Homeland Study Group Foundation (HSGF) qui lutte pour l’indépendance de la partie occidentale de l’ancien Togoland.

Cette plainte concerne spécifiquement George Nyakpo, un leader du mouvement, qui a récemment fait face à 156 jours de détention.

« Au cours des dernières années, les autorités ghanéennes ont procédé à d’innombrables arrestations et détentions arbitraires de membres pour des actes aussi anodins que le port de T-shirts en faveur de l’indépendance du Togoland occidental, ou pour avoir participé à des manifestations ou à des réunions en faveur de celle-ci. Un schéma de pratique a émergé par lequel les membres de la HSGF sont arrêtés en vertu d’une allégation suspecte de participation à des crimes graves tels que la trahison, détenus sans inculpation pendant de longues périodes, puis relâchés sans inculpation », a déclaré l’UNPO dans un communiqué de presse.

« Dans notre soumission au Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, l’UNPO conteste directement l’utilisation de la loi sur les organisations interdites, demandant son abrogation. Nous contestons également la détention de M. Nyakpo de manière plus générale. Au-delà de l’utilisation de la loi sur les organisations interdites, sa détention viole le droit des droits de l’homme », a martelé l’ONG.

Selon les dernières informations, M. Nyakpo a été remis en liberté, mais les poursuites contre lui persistent.

« Il a été menacé d’arrestation immédiate s’il parlait du droit à l’autodétermination au Togoland occidental. Son cas est un autre exemple de la criminalisation des mouvements d’autodétermination et des tactiques employées par les États pour les faire taire que nous voyons dans le monde entier. En conséquence, l’UNPO espère que cette plainte fera la lumière sur les malversations dans lesquelles les autorités ghanéennes continuent de se livrer et servira à établir un précédent qui pourra empêcher la propagation de cette pratique étatique ».

Pour rappel, le fondateur du mouvement en question, Charles Korme Kudzorzi populairement connu sous le nom de “Papavi”, a fait face à de multiples procès avant sa mort le 16 octobre dernier, à l’âge de 88 ans.
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Togo-Interview Fovi Katakou:”L’objectif de notre combat c’est la fin du leadership de misère et l’avènement du Togo l’or de l’humanité”


Dans un long entretien qu’il a accordé au confrère Togoscoop, Yao Kouma Katakou, plus connu sous le nom de Fovi Katakou, un membre influent du Mouvement Nubuéké, une organisation de la société civile, se dévoile. Sans langue de bois, l’activiste aborde tous les sujets sociopolitiques et souligne qu’« Il est clair que rester silencieux devant la violation permanente des droits de l’homme comporte plus de risques que de mourir ».

Qui est Fovi Katakou ?

Je suis le fils d’un enseignant de mathématiques du collège et d’une mère revendeuse. Je suis le cadet d’une famille de 4 enfants. À 5 ans, j’ai perdu brusquement l’usage de mes membres supérieurs et inférieurs.

Et la famille s’est organisée pour m’offrir un cadre plus ou moins favorable au développement de mon potentiel humain

Ce qui m’a permis de pouvoir fréquenter et d’avoir au moins une licence en Sociologie et communication et de cultiver en moi des valeurs de solidarité, d’amour du prochain, de sacralité de la vie et le souci ardent de rendre concret les valeurs et principes de notre hymne national.

Je suis un militant actif du mouvement NUBUEKE et je milite également dans le Front citoyen Togo Debout.

À la maison, les parents m’appellent Fovi. Sur mon certificat de nationalité c’est Katakou Yao Kouma.

Je suis un homme très curieux. Et depuis mon enfance, je pose beaucoup de questions sur tout ce que je vois.

Avec mon père, c’est le jeu de questions et réponses. Je veux tout comprendre.

Après 5 ans de tentatives à travers les hôpitaux, églises, les tradithérapeutes pour que je retrouve l’usage de mes membres. Un matin, je me suis levé et j’ai demandé au père que je ne veux plus suivre les traitements et que je veux recommencer l’école.

Les parents ont accepté et j’ai repris le chemin de l’école.

Si vous devez-vous définir en trois mots ?

En trois mots, je suis : « Nature-Homme-Société » ou Renard, Aigle et Lion.

Pourquoi cet engagement pour la démocratie et l’alternance au Togo ?

Depuis 1963, le Togo est régenté par une seule famille et un clan politique qui ne savent que semer la misère.

Après plus de 55 ans du contrôle social nous n’avons qu’un système socio-politico-économique du travail du champ de coton des esclaves.

Ce qui fait que nous n’avons qu’une minorité dans tous les secteurs qui exploite la majorité des Togolais qui meurent quotidiennement sous le poids de la misère

Nous n’avons que des hôpitaux mouroirs. Nous n’avons pas de routes pour faciliter le transport des personnes et biens de même que le désenclavement de certains milieux reculés.

Nous avons toujours des écoles délabrées et un programme éducatif de l’époque de Jules Ferry.

Nous n’avons pas de premiers soins gratuits ni des unités de sapeurs-pompiers en des points stratégiques pour pouvoir secourir en un temps record.

Les jeunes togolais se sentent étranger dans leur propre pays. Et chacun veut fuir le pays par tous les moyens. Même s’il faut prendre la mer, les jeunes togolais sont prêts.

La prolifération des mères célibataires, l’irresponsabilité des hommes à prendre soin de leur femme et leurs enfants.

Dans nos quartiers nous observons que le banditisme et la prostitution prennent de l’ampleur à cause de la misère.

Au Togo, la justice est devenue pour les plus riches et forts.

La prison, surtout celle de Lomé, est plutôt un lieu pour détruire l’Homme.

Le Togo est un centre d’expérimentation des faits politiques qui détruisent la jeunesse africaine.

Ce qui fait qu’aujourd’hui, le Togo est une honte pour tout togolais vivant à l’intérieur du pays et à l’extérieur. Car pour insulter, donner un exemple abominable en Afrique. C’est le Togo qu’on cite. Et à l’étranger le togolais n’arrive pas à s’affirmer avec fierté comme venant du Togo.

L’insécurité, la violation permanente des droits de l’homme et la misère sont le quotidien des togolais….

C’est l’ensemble de ces faits qui obligent tout être humain doté de raison et qui a l’amour de l’Homme et de la nature à s’engager pour faire renaître des structures et institutions qui vont permettre à tout citoyen sans distinction aucune de pouvoir développer son potentiel humain et de s’affirmer avec fierté d’appartenir à un État.

Je veux vivre dans un pays où je dois avoir l’assurance et la garantie qu’en tout moment et partout j’ai un Etat qui veille sur mon bien-être.

Ce sont les raisons de mon engagement pour la démocratie et l’alternance.

Avec l’alternance, les différents groupes d’hommes qui vont occuper les postes de décisions, conceptions et d’exécution vont pouvoir apporter aussi leur savoir-faire, savoir-être pour le bien de nous tous. Et on va plus perdre de l’énergie à conserver le pouvoir. Mais l’énergie va être utilisée pour le développement de la société. Et il y aura la libération de l’énergie créative et imaginative.

Vous êtes une personne en situation de handicap. Malgré votre état, vous êtes toujours ‘’au front’’ là où les personnes valides ont démissionné. N’avez-vous pas peur pour votre vie ?

Le prénom de mon père c’est N’DANOU. Ce qui veut dire ce qui sort de l’entendement humain.

Mon combat pour un Togo prospère et libre pour tous, c’est depuis le tout petit. Et j’ai vite compris que je dois me former sur tous les plans sur ça.

Après mes études sur l’histoire des luttes et le vécu de certains leaders, c’est clair que la lutte pour la restauration de la dignité humaine ce n’est pas uniquement une question de physique.

Nous avons dans l’histoire plein de personnages qui au début ne présentent pas des caractéristiques pour mener un combat populaire ou qui sont physiquement faibles, n’ont pas fait d’études mais qui se sont révélés à l’humanité par la grandeur de leur âme.

Che Guevara est un maladif, mais malgré son faible physique, il a mené une lutte pour la liberté de l’Homme. Nous avons le cas de Roosevelt aussi.

Selon l’histoire, le handicap ou le niveau d’étude ne peut être une excuse pour obéir à un régime oppressif, ou aller collaborer avec un oppresseur parce qu’on est faible.

Et en plus quand on mène un combat pour les idées universelles, ni la mort, ni les arrestations ne peuvent être un frein.

Et les idées pures triomphent toujours de tout système oppressif. Nous avons les exemples d’apartheid, de colonisation, du racisme primaire…

Il est écrit : « n’ayez pas peur de celui qui peut détruire le corps mais ne peut rien contre l’esprit ».

Nos frères et sœurs qui conçoivent le pouvoir comme héritage familial, qui n’ont qu’une logique binaire dans la tête par rapport au pouvoir, c’est-à-dire le dessus ou dessous, prennent chaque jour des médicaments. Ils tombent malades aussi. Ils ont déjà souffert de la perte d’un être cher. Nous connaissons l’histoire de la fin de vie de certains dignitaires de ce système. Eux qui se comportaient comme des dieux sur terre. Nous savons tous comment ils ont terminé.

Et en plus, la misère que nous vivons au Togo, fait que la vie chaque jour c’est déjà courir le risque de mourir. Chaque jour pour des citoyens comme nous au Togo le risque de mourir est très grand. Des accidents de routes, manque de premiers soins, les braquages, des morts à petit feu à cause de l’ultra exploitation, ce sont quelques exemples de causes qui tuent quotidiennement au Togo.

Après une étude approfondie sur les risques en tant qu’une personne à mobilité réduite dans une lutte pour la restauration de l’or de l’humanité au Togo. Il est clair que rester silencieux devant la violation permanente des droits de l’homme et le champ de misère comporte plus de risques de mourir que de s’engager. Et la peur est un sentiment naturel qui nous permet d’agir avec plus de rigueur, de rationalité, d’humilité, d’honnêteté. Afin que seule transparaît dans nos actions l’engagement pour la restauration de la dignité humaine.

Que pense votre famille de votre engagement ?

Depuis mon enfance je suis différent. Les questions que je posais montrent qui je suis et ce que je veux faire. Par rapport à la manière dont j’ai dû dompter mon handicap qui apparemment pourrait être un obstacle pour moi mais qui est plutôt devenu un moyen de canalisation de mon énergie et de me permettre de découvrir ce qu’est l’être humain sur tous les plans puis de me connecter avec moi-même.

Ce qui fait que mon rapport avec l’autre et les faits posent des questions de profondeurs à tout observateur.

Mon père me fait confiance et croit aux choix que je fais.

Ma mère, elle fut l’architecte qui a dressé mon esprit dans le bon chemin avec la rigueur d’une maman africaine.

J’ai pris des années pour préparer l’esprit des parents à accepter mon engagement citoyen malgré mon état. Nous faisons à la maison des débats sur les faits de la société. Chacun développe ses arguments avec des idées concrètes rationnelles. J’ai des éléments historiques, socio-politico-économique pour prouver mes analyses.

L’écho que les parents reçoivent de mes analyses et ma vie font qu’ils sont dans l’obligation de me laisser tout en me demandant de mettre toujours l’Homme au centre de mes actions.

Un jour je faisais un débat avec ma mère. Elle développe des arguments à la togolaise pour me dissuader de l’engagement. « Si vous refusez à vos enfants de s’engager. C’est l’enfant de qui, va venir le faire pour vous ? Si vous dites que les leaders sont ci, cela…….et qu’au même moment vous ne voulez pas outiller vos enfants à être mieux. Que voulez-vous réellement ? C’est à cause de vos peurs maladives que nous avons une seule famille à la tête de ce pays pendant plusieurs années », telle fut ma réponse à ma mère.

Tout le monde dans la famille sait que, quand je m’accroche à une chose, je cherche toujours les moyens rationnels pour réussir. Ce qui fait que tout le monde a fini par accepter mon choix, tout en les rassurant de toujours mettre la rationalité et l’homme dans toutes mes actions.

Vous avez passé quelques jours à la prison de Lomé. Décrivez-nous ce que vous avez vécu dans ce milieu carcéral. Est-ce que la prison de Lomé est un cadre propice pour une personne en situation de handicap comme vous ?

Les dix jours que j’ai passés au SCRIC (Service central de Recherches et d’investigations criminelles) et à la prison civile. C’est du calvaire pour mon physique. Mais sur le plan supérieur, c’est une initiation pour mon élévation mentale. J’ai vu et observé les hommes et les structures.

J’ai fait 5 jours sans faire le wc. Car il n’y a pas de toilettes propices pour moi. 4 jours sans se doucher. Par rapport à mon handicap, j’ai dû faire beaucoup de gymnastique pour que les gens m’aident à pouvoir au moins uriner, manger… Ceux qui veulent à tout prix nous diriger malgré les signes visibles de leur incapacité, n’ont pas intégré la dimension du handicap dans le fonctionnement de nos structures.

Non seulement la prison civile n’est pas un cadre propice pour les personnes en situation de handicap mais aussi pour tout être humain.

Ce que j’ai vu là, je pense la raison et l’humain demande qu’on ferme la prison civile de Lomé et qu’il faut reconstruire une prison nouvelle dans les communes proches du centre de la ville de Lomé. L’espace de la prison civile de Lomé doit être rasé pour donner place à un lieu d’espace vert.

Une nouvelle prison avec beaucoup plus d’espace ou les prisonniers peuvent faire de l’agriculture et de l’élevage, de la formation pratique ou avec l’installation d’une entreprise de montage ou de fabrication de quelque chose en prison.

Dans la nouvelle prison, nous devons veiller à ne pas mettre ensemble tous les détenus. L’accent doit être mis sur la réinsertion. La prison doit être dotée de bibliothèques et des heures de connexion d’internet.

La justice doit revoir sa gestion des prisonniers politiques et des droits communs. Certains jeunes qui sont déferrés à la prison, doivent être plutôt dans un centre de dressement.

La prison doit être repensée pour qu’elle devienne effectivement un outil de récupération des Hommes sur le droit chemin du vivre ensemble, redressement et de la découverte de sa voie.

Nous devons faire appel aux sociologues, historiens, anthropologues, juristes… pour la conception d’un véritable programme de vie en prison au Togo. Et nous devons déconstruire dans l’imaginaire des togolais, de la conception négative de prison. Cette conception négative fait que bon nombre de personnes ne se mêlent pas de ce qui se passe réellement dans nos lieux de détention. Cette indifférence fait que nos prisons sont délaissées. Et la prison est devenue un autre monde où on envoie les rebelles de la société pour qu’ils se débrouillent entre eux ou qu’ils s’auto-éliminent.

Votre arrestation a suscité une vague de compassion tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Comment appréciez-vous cette mobilisation autour de votre nom ? Vous vous êtes dit que votre combat est partagé par la majorité silencieuse ?

Quand on défend la restauration de l’humain, la dignité, avec une constance, vous rentrez dans le cœur des gens. Car ce que j’écris, ne sont que des cris des femmes, hommes, jeunes, enfants dans nos quartiers, marchés, bus, taxis, églises, services, maison, école… Je suis un sociologue de formation.

Je ne fais que traduire avec les mots les frustrations des uns et des autres dans les différents secteurs socio-politico-économiques. C’est ce qui fait que beaucoup se retrouvent dans mes écrits qui ne sont en fait que l’histoire de leur vécu quotidien.

Ce n’est pas juste une mobilisation autour de mon nom. Je traduis par écrire les intentions, les frustrations, les désirs des uns et des autres grâce à ma connaissance sociologique et à mon autoformation sur l’histoire de la lutte des peuples. Et depuis toujours, un être humain qui se met service de la masse pour la lui permettre de connaître les causes de sa misère quotidienne et de lui montrer comment dans l’histoire les gens ont fait pour s’en sortir a toujours les soutiens quand un malheur lui arrive.

J’ai la preuve que les mots que j’utilise pour transcrire la douleur, la souffrance, les frustrations des uns et des autres arrivent à toucher les cœurs.

Mais il me reste encore continuer par chercher les mots, les illustrations justes qui vont nous amener tous à prendre conscience que c’est l’heure pour nous tous sans distinction aucune de nous lever et d’agir pour nos droits socio-politico-économique maintenant.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes sorti de prison ?

Je suis le Fovi Katakou que je suis depuis le tout petit. Cette arrestation pousse maintenant les Togolais à s’intéresser à mes écrits. Dans la rue, certaines personnes ont le courage au moins de m’aborder et de m’encourager. Ça permet que, partout où je suis, si je lance un débat sur un sujet, beaucoup veulent m’écouter.

Le changement, ce sont des oreilles disponibles à m’écouter quand je parle pour qu’ils se fassent leur propre opinion des faits socio-politico-économiques.

Avec ce regain d’attention autour de votre nom, n’envisagez-vous pas une dimension plus nationale à votre combat ?

Notre combat ce n’est pas de jouer le leader ni la star. C’est de contribuer à ma manière aussi avec les seuls outils que je peux utiliser c’est-à-dire les mots, à soulager les peines de l’Homme.

Le leadership qui contrôle le pays tue, détruit le potentiel humain. Nous menons une lutte existentielle. Si je ne le fais pas, je subis aussi les effets de ce leadership. Mon objectif est de libérer les esprits de la peur … et de les émanciper sur la nécessité d’actions autour des droits socio-politico-économique.

Et on ne lutte pas pour devenir un leader. Ce sont les discours et les actes qu’on pose qui amènent la masse à avoir une conscience politique et d’agir elle-même. Je ne m’inscris pas au jeu, du leader moi aussi.

Nous, l’objectif de notre combat c’est la fin du leadership de misère et l’avènement du Togo l’or de l’humanité.

Nous rêvons nous aussi, un pays où les gens vont venir pour la qualité de notre système de santé, éducatif, de la beauté et l’attractivité de notre paysage.

Votre arrestation est le signe que vous êtes non seulement suivi mais aussi que vos écrits font mal. Est-ce que vous allez continuer par écrire ?

L’écriture est une arme. Dans un environnement dictatorial, quand vous produisez des réflexions pour déconstruire l’idéologie, les schémas mentaux qui amènent les gens à obéir sans contraintes, vous devenez la cible de l’oppresseur. Malheureusement pour le dictateur, l’histoire donne toujours raison à ceux qui produisent la pensée critique. Car l’évolution du monde aujourd’hui c’est grâce à la production de la pensée critique.

Je continue par produire des réflexions critiques. S’ils sont obligés aujourd’hui de profiter du système de santé, éducatif… pour eux-mêmes et leur proches des européens, asiatiques et américains c’est grâce à la pensée critique des éclairés des pays de ces continents. Et la pensée critique qui veut restaurer l’homme triomphe toujours de l’oppression et de la dictature.

Aujourd’hui la classe politique de l’opposition est divisée, la société civile amorphe. Qu’est-ce que cela suscite en vous ?

Nous avons mené une étude pour nous faire comprendre ce dans quoi nous nous retrouvons aujourd’hui. Quand nous analysons ce qui divise, nous avons là un problème de conscience politique. Beaucoup se disent engagés, mais ne veulent pas s’auto-former sur l’histoire des luttes, le vécu des leaders et la psychologie humaine. Au fond, tous les différents groupes veulent la restauration des droits socio-politico-économique au Togo. Ce sont les approches qui diffèrent d’un groupe à un autre.

Et aussi fondamentalement nous souffrons des séquelles psychologiques de la colonisation et des plus de 55 ans du contrôle social du clan Gnassingbé. Ce qui fait qu’au lieu de s’émanciper d’abord de ces tares psychologiques et de travailler pour libérer le mental des victimes du système cinquantenaire des schémas mentaux qui les rendent résignés, les amènent à obéir sans contraintes ou collaborer pour le pain.

Par une vision très courte de la réalité sociale, on se laisse emprunter le chemin de la substitution des leaders ou du clan Gnassingbé.

Et la minorité éclairée au lieu de faire un travail véritable pour avoir une opinion publique favorable à l’auto-action pour les droits socio-politico-économique.

Par ignorance et la logique de substitution, elle a plutôt construire une opinion de désengagement politique en réduisant la lutte pour la liberté et prospérité au Togo en une querelle entre le clan Gnassingbé et les partis politiques pro-démocratie. Ce qui fait que les jeunes d’aujourd’hui et la plupart des Togolais ne veulent plus entendre parler de l’engagement politique.

Steve Biko nous disait : « L’arme de l’oppresseur, c’est l’âme de l’opprimé ».

Comment pouvons-nous chercher à avoir des citoyens engagés avec des phrases comme :

– Les togolais ont les yeux ouverts maintenant

– Le togolais a trop donné

– Mort inutile

– Arrêter inutilement

– L’opposition corrompue

– L’élection n’est pas la solution du problème togolais

– Le Togo est un pays atypique

La division de la classe politique ne devrait pas être un obstacle à l’action pour les droits socio-politico-économique normalement. Si, nous qui posons un regard critique sur les partis politiques pro-démocratie nous savons ce qu’est un parti politique dans l’histoire; la lutte de libération et la psychologie humaine. Nous allons plutôt utiliser notre énergie pour activer en chacun de nous l’engagement pour les droits socio-politico-économique dans tous les secteurs de la vie en société. Cette division de la classe politique que nous entretenons à travers nos discours quotidiens, pour nous c’est juste un alibi pour justifier sa résignation, sa peur de perdre… ou d’être… ou préparer l’esprit à sa collaboration prochaine avec le système.

Nous avons aussi des pays qui ont mis fin à la dictature, l’oppression en Afrique. Les partis politiques de ces pays ne sont pas meilleurs ou pires que les nôtres.

L’histoire des luttes récentes en Afrique qui sont arrivées à mettre fin à la dictature montre que le discours de division des partis ne peut être une excuse pour laisser faire l’oppression, l’arbitraire ou d’aller collaborer avec l’oppresseur pour de l’argent.

La société civile militante pour les droits socio-politico-économique, c’est une notion nouvelle. Beaucoup parlent de la société civile comme si ce sont des extra-terrestres qui vont venir faire mieux que les partis.

Alors que la société civile c’est toi, moi, nous tous. C’est la prise de conscience qu’en tant que citoyens, nous aussi, nous pouvons faire quelque chose pour les droits socio-politico-économique. Et l’engagement dans une société civile c’est comme s’engager dans une armée or ici l’arme du soldat militant de droits de l’homme, c’est la non-violence. Alors que la lutte non-violence exige beaucoup de l’autoformation. C’est une lutte sur les plans psychologique, humain, culturel, social, économique…..

Alors que le slogan des togolais est : « La solution du problème togolais ne se retrouve dans aucun livre ».

La société civile militante véritablement, c’est à partir de 2017. Le mouvement NUBUEKE, fut l’un des rares mouvements à s’engager sur cette voie en 2015.

À partir de 2017, les autres mouvements militants de droits de l’homme qui ont vu le jour, sont confrontés à un problème de ressources humaines de qualité en matière de la lutte non-violente et aux problèmes financiers. De même, les arrestations et les intimidations du système dissuadent beaucoup de personnes à s’engager véritablement dans la société civile. Et certaines personnes, qui s’engagent dans la société civile, reproduisent malheureusement ce qu’ils reprochent au parti politique et à leurs leaders.

La société civile aujourd’hui, c’est par rapport à la conscience politique de nous togolais. Il nous revient à nous qui comprenons véritablement ce qu’est la société civile de travailler pour éclairer et de déconstruire les idéologies, concepts qui constituent des obstacles pour l’engagement effectif.

Un mot à ceux qui se disent décourager de la vie…

Je dis souvent à mes amis et frères qui ont des soucis de toujours se rappeler de moi. Si moi je dois laisser les soucis de la vie prendre le dessus. Je serai déjà mort. Je ne pourrai même pas sortir de la maison.

À 5 ans j’ai perdu l’usage de mes quatre membres.

Durant environ 5 ans de ma vie je ne sais pas ce qu’on appelle fête. Je ne connais pas les dates de la semaine. Je ne suis plus en contact avec mes frères. Je menais ma vie à l’hôpital, dans un centre de prière, chez un guérisseur traditionnel. Quand mes parents écoutent que quelqu’un peut les aider, ils m’amènent.

Quand j’ai obligé mes parents à reprendre le chemin de l’école. Les gens ont dit aux parents que je ne pourrais pas fréquenter avec les valides. Les parents sont partis m’inscrire dans une école d’enfants qui ont des problèmes mentaux. Le directeur d’école a décidé de nous rendre visite à la maison avec mes camarades. Quand il est venu, ma mère m’a mis devant la porte de notre chambre. Elle est partie se doucher. Quand le directeur est venu, je lui ai posé des questions sur la personne qu’ils cherchaient et s’ils voulaient attendre que la mère finisse se doucher d’abord. À la sortie de la mère de la douche, le directeur lui a recommandé d’aller m’inscrire dans l’école normale. Ce qui fut fait. Quand les parents sont allés dans une école catholique pour m’inscrire, le directeur a refusé de me prendre.

Les parents sont répartis dans une école officielle. C’est là où le directeur m’a accepté. Je n’avais même pas de fauteuil roulant. Je ne pouvais même pas m’asseoir dans les tables bancs. Durant un mois, ma mère me portait au dos pour venir à l’école. Ma table et mon banc, furent un pagne que la mère roulait chaque matin par terre pour moi pour suivre le cours. C’est après, qu’avec l’aide d’un menuisier, les parents ont confectionné un fauteuil roulant en bois. C’est ce fauteuil en bois que j’ai utilisé jusqu’au CE1.

Quand j’ai eu mon BEPC, le proviseur du lycée moderne d’Adidogomé a refusé de me prendre en classe de seconde. En classe de première mon père est retourné, il a encore refusé. De même en terminal, il a encore renvoyé mon père. Car pour lui je suis un handicapé, je vais gêner les gens pour rien. Je vous rencontre tout ceci, pour vous dire que la vie ne m’a pas offert de cadeau. J’ai transformé tous les obstacles en opportunité. Je n’ai jamais vu mon handicap comme un frein ou un problème. Par le courage, l’audace et la volonté j’arrive toujours à affranchir les obstacles. Pour moi, tant qu’on a encore le souffle de vie. Rien n’est fini. C’est maintenant que des opportunités vont s’ouvrir devant nous. Toute situation qui nous arrive, c’est que nous avons la solution avec nous. Le merveilleux cadeau que nous avons dans ce monde c’est la vie. Et chacun de nous a son temps de gloire, de prospérité. Nous devons avoir une vision claire, et mettre toute notre énergie à son accomplissement. Seul un corps sans vie peut dire qu’il est fatigué. Nous sommes tous une expression céleste.

Si les oiseaux, les arbres trouvent leur bonheur tous les jours, nous aussi, nous allons l’avoir. Vous êtes des vainqueurs. N’abandonnez jamais. Le travail, l’endurance, l’audace payent toujours.

Les personnages historiques qui inspirent Fovi Katakou…

Il y a plusieurs personnages qui m’inspirent. Il s’agit de : Sankara, Mandela, Gandhi, Frantz Fanon, Steve Biko, Marcus Garvey, Malcolm X, Sylvanus Olympio, Tavio Ayao Amorin, Rawlings, Martin Luther King, Chaka Zulu, Alexandre le grand, Cheikh Anta Diop…




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Covid-19 au Togo : Vers un triomphe sans gloire

Au Togo, après deux ans d’imposition, tout semble dire que l’on s’achemine vers l’allègement des mesures restrictives, dans le cadre de la lutte contre la Covid. L’information est du site d’information republicoftogo qui estime que les restrictions pourraient être allégées dans les jours à venir. Pour ce faire, rapporte le confrère proche des arcanes du pouvoir, le Conseil scientifique s’apprêterait à faire des recommandations en ce sens au gouvernement. Une décision qui, à l’analyse, n’aura rien de volonté de souple, mais s’impose plutôt d’elle-même.

Imminent allègement des mesures restrictives

Le Conseil scientifique s’apprêterait donc à faire des recommandations au gouvernement aux fins de l’allègement des restrictions imposées par le gouvernement. Ceci, à la lumière des résultats, somme toute, satisfaisants enregistrés à ce jour dans le cadre de la lutte contre la maladie à Coronavirus au Togo.

En effet, sur la base des chiffres actualisés, c’est une évidence que la situation épidémiologique s’est nettement améliorée. Plus de 1,5 millions de personnes vaccinées pour environ 35% sur les 60% de la population vaccinale recherchée pour atteindre l’immunité vaccinale escomptée. Soit plus de la moitié du chemin parcouru qui, bien qu’encore loin des comptes, plaide en faveur de mesures barrières moins contraignantes.

De façon spécifique, les statistiques de la Coordination nationale de riposte estiment les contaminations en baisse. Et ce même au temps fort de la variante Omicron qui, visiblement, semble moins actif que redouté. Car, les cas graves se comptent au bout des doigts. C’est un fait.

C’est donc dans ce sillage d’optimisme que se projettent les lueurs d’espoir d’un assouplissement des mesures restrictives tant espéré. Cependant, qu’elle soit enfin actée, cette décision n’aura donc été que l’expression de la lassitude de tout un peuple qui, depuis deux ans, ploie sous le poids, sinon le diktat de ces mesures. Ceci, pendant même que la situation sanitaire dans le pays était déjà largement mieux.

Un triomphe sans gloire

Ce serait, qu’à cela ne tienne, un dégel qui constituerait un véritable ouf de soulagement pour la majorité des togolais agacés par ce mode de vie qu’ils se sont vu imposés, au nom d’une lutte dite contre la pandémie. Mais encore que ce dégel, de tout point de vue et d’analyse, interviendrait pendant qu’on se serait assuré, au sommet du pouvoir de Lomé, que sont atteints les réels objectifs non avoués qui auraient motivé de telles restrictions. Un objectif, estiment nombre d’observateurs, qui viserait plutôt à réduire complètement au silence, sinon à néant, l’écosystème d’opposition au Togo. Que l’on soit politique, acteur de la société civile ou journaliste critique.

Et visiblement, les dernières évolutions de l’actualité dans le pays concourent à donner raison à ceux-là qui voyaient derrière ces mesures barrières, une raison outre que celle officiellement avancées par les gouvernants. Ceux qui, à l’antipode de ce qui s’observe un peu partout, ont plutôt opté entretenir tout un mystère autour de la pandémie.

Ce ne serait pas superflu de revenir sur les dernières mésaventures vécues par des journalistes critiques à l’instar de notre Directeur de publicitation Joël Egah, et ses autres confrères et compagnons d’infortune, Ferdinand Ayité et Ambroise Kpodzo qui lui, a été sanctionné autant que son journal «Thé Guardian», justement dans le sillage de cette affaire de Covid dont la Haac s’est évertuée à lui coller un délit de traitement biaisé de l’information.

Au plan politique, la reprise du dialogue entre politiques, le prolongement des travaux de la Concertation nationale entre acteurs politiques (Cnap) semble bien illustrer l’appât qui a définitivement fait mordre l’hameçon aux opposants qui n’existent désormais que de noms. Les plus critiques étant désormais contraints au silence, soit par des mesures judiciaires au travers des inculpations, soit par une vie fugitive que se donnent ceux qui voient leur vie en danger au pays. Somme toute, un triomphe sans gloire en perspective pour le régime de Lomé qui aura réussi certes son coup, mais à la faveur du regrettable. Bien triste !

Source : Fraternité
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C’est entendu, le système de parti unique a été un véritable échec pour l’Afrique car point n’est besoin de rappeler la souffrance des Africains qui ont été assujettis à ce régime. La mobilisation populaire exceptionnelle des années 1990 contre ce régime en témoigne aussi largement, de même que la tenue des conférences nationales.

Trente années après, les régimes qui ont suivi sont aujourd’hui en train de vivre une crise à leur tour. En effet, les gouvernants n’ont pas été fidèles aux Constitutions adoptées à l’issue des années 90. Et aujourd’hui ce sont pratiquement les mêmes équipes qui sont au pouvoir, illégitimes de deux points de vue :

* les élections qui les ont amenés au pouvoir sont frauduleuses ;

* la constitution a été tripatouillée pour leur faciliter le maintien au pouvoir quel que soit le nombre de mandats effectués.

En plus de cela, les ressources des pays ont été pillées par une corruption pratiquement sans limites à cause d’une justice instrumentalisée, alors que la population s’appauvrit de jour en jour avec des systèmes sociaux (santé, éducation) pour ainsi dire à terre. Lorsque cette population essaie de protester, elle est sévèrement réprimée alors que les libertés individuelles (expression, réunion, manifestation) sont largement niées.

D’une façon générale, les pays n’ont pas connu le développement promis et avec l’aide d’une communauté internationale complice à cause de ses intérêts propres, les autorités de ces pays se donnent des images prestigieuses et flatteuses grâce à des concepts vides de contenus comme l’émergence.

Après plusieurs décennies de ce type de gouvernance, on en arrive à des expressions violentes du ras-le-bol, par le biais d’insurrections populaires et ces derniers temps par les coups d’état militaires en série qui secouent la sous-région ouest-africaine.

En fait la question n’est pas de savoir s’il faut ou non justifier un coup d’état. En effet, la violence ne se justifie pas que ce soit celle issue d’un coup de force constitutionnel, ou celle de la prise de pouvoir par les militaires. Ce qui compte, c’est ce qui se passe après l’événement violent ; c’est ce qu’on en fait. L’histoire de cette même Afrique de l’Ouest le montre bien. Ainsi pendant la dizaine d’années ou les Voltaïques étaient satisfaits de la gouvernance de Sangoulé LAMIZANA, personne ne s’est souvenu de son arrivée au pouvoir par un coup d’état militaire en 1966 et la Haute-Volta de l’époque était présentée comme un havre de paix et de démocratie. Toujours au Burkina Faso, aujourd’hui on s’indigne plus de l’impunité des assassins de Thomas SANKARA que du coup d’état du 04 août 1983 qui l’amena au pouvoir avec son ami Blaise COMPAORE.

Et Jerry John RAWLINGS, qui a fait deux coups d’états (1979 et 1981) ? Pourtant ce qu’on lui reconnait ce sont les deux mandats qu’il a effectués entre 1992 et 2000, mandats qui ont permis au Ghana de devenir un pays qui compte en Afrique de l’Ouest tant au plan politique qu’économique. Aujourd’hui plus personne ne peut douter de la gouvernance démocratique qu’il a instaurée.

Dans le cadre de consultation de l’Histoire, il ne faut pas manquer d’évoquer le cas du Togo.

En effet, notre pays a lui aussi connu deux coups d’état en 1963 et 1967. Lors du premier le 13 janvier 1963, l’armée donne le pouvoir à Nicolas Grunitzky en tant que président, avec Antoine MEATCHI, comme vice-président. Le pouvoir est réparti entre les deux fonctions par la Constitution de la Deuxième République adoptée le 16 janvier 1963. Ce bicéphalisme ne résiste pas aux rivalités partisanes et, peu après avoir déjoué une tentative de coup d’État (21 novembre 1966), l’armée prend de nouveau le pouvoir le 13 janvier 1967 ; la Constitution est suspendue, l’Assemblée nationale dissoute, les partis politiques interdits, un nouveau gouvernement militaire est installé.

Cette période « de transition » dure jusqu’en 1979, soit douze ans durant lesquels le nouveau chef de l’État étend son autorité, malgré – ou en raison – des accidents et des complots (1974, 1977, 1981, 1985) fomentés contre lui. Il détient la totalité du pouvoir qu’il appuie sur le culte de la personnalité, la communication de masse et les démonstrations de la force armée. Préoccupé d’abolir les rivalités internes du pays, il crée en 1969 un parti unique destiné à rassembler tous les Togolais dans un même creuset national : le Rassemblement du peuple togolais (R.P.T.).

La Constitution du 30 décembre 1979 fonde la Troisième République. Celle-ci consacre la primauté du parti, qui intervient directement dans l’exercice des compétences constitutionnelles essentielles, contrôle l’élection de toutes les autorités de l’État et des collectivités locales. Ainsi le Président de la République est élu au suffrage universel direct sur proposition du parti dont il est le chef.

Quelle est la spécificité du cas Togolais ? On le voit bien, la transition mise en place entre 1967 et 1979 n’a pas coïncidé avec un changement de régime, ni avec un changement de personnes. Les deux coups d’état se sont réduits à maintenir les militaires au pouvoir. Ainsi, au lieu de passer à un système plus démocratique, à partir de 1967, le régime ne change pas vraiment puisqu’il est de plus en plus autocratique, jusqu’en 1979 où on en arrive au parti unique.

Par ailleurs, il ne suffit pas de laisser tomber l’habit militaire, et de changer de statut en passant à celui de civil, pour que l’on puisse parler de changement de personnes. De 1967 à 1979 les mêmes personnes forment la classe politique au pouvoir.

Au regard de tout ce qui s’est passé et de ce qui se passe actuellement sur le continent, il est évident qu’il existe un malaise dans l’organisation du vivre-ensemble dans les États et cela conduit à des crises politiques successives. La refondation politique devient une exigence incontournable et cette refondation ne peut passer que par une période de transition.

La transition est alors une période de refondation du vivre-ensemble (politique) basée sur des valeurs consensuelles qui apparaîtront dans la Constitution. Il s’agit pour l’Afrique de changer fondamentalement de régime politique et non d’adopter un régime au plan formel sans un réel changement des pratiques. Il s’agit alors, en l’occurrence, d’opter pour le modèle démocratique susceptible d’instaurer des institutions justes, crédibles et légitimes, de favoriser l’alternance, de donner à tous les citoyens l’opportunité d’apporter leurs contributions. Et donner la possibilité à tous de participer à la vie politique consiste à redonner la parole à la grande muette qu’a été la société civile. Cela ne peut se faire sans le rétablissement des libertés individuelles. « La terreur et la répression comme principes de gouvernement conduisent au gel des idées, c’est-à-dire à celui des initiatives et des intelligences… Un peuple qui vit dans la terreur permanente est un peuple atrophié » (Tidiane DIAKITE). La période de transition apparaît dès lors comme une période de refondation mais aussi d’apprentissage qui permet de passer de l’ancien régime à un nouveau régime à la fois au niveau des institutions que des pratiques et de la mentalité. Et dans ce contexte, « la démocratie, selon DIAKITE, est l’expression de la volonté de la majorité tempérée par le respect de la minorité. » Tels sont les traits d’une transition réussie, tels qu’on peut les décrypter après l’analyse des situations dans les pays africains.

Peut-être faudrait-il redonner ces traits à la CEDEAO de façon à ce qu’elle les utilise comme critères pour juger de la bonne foi d’un gouvernement de transition ? Et peut-être faut-il mettre l’accent sur l’obligation de protester contre la violence de tous les coups d’état, mais aussi sur la nécessité de donner du temps aux acteurs de la transition pour satisfaire à ces critères ? Mais la CEDEAO, elle-même née dans le contexte de parti unique, n’aurait-elle pas besoin d’une période de transition pour l’instauration, en son sein, d’organes démocratiques et l’adoption de pratiques démocratiques ?

Maryse Quashie et Roger Ekoué Folikoué
citeauquotidien@gmail.com
Lomé, le 11 février 2022
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Création d’entreprises et augmentation du chômage : Paradoxe togolais saisissant

Du 1er au 31 janvier 2022, pas moins de 1300 nouvelles entreprises ont été créées selon les chiffres du Centre de formalité des entreprises (CFE). Mais cette embellie de création d’entreprises contraste avec le chômage ambiant dans le pays.

Depuis plusieurs années, la question du chômage défraie la chronique au pays de Faure Gnassingbé. Les statistiques les plus récentes publiées par le gouvernement togolais indiquent que le taux de chômage était passé à 3,4% et celui de sous-emploi à 24,9%. Des chiffres contestés d’ailleurs par certains économistes.

En effet, pour l’économiste togolais Thomas Dodji Koumou, ce taux de chômage (3,4%) est bien en deçà du taux réel du chômage au Togo et ne reflète, en rien, la situation économique du pays. « Le taux de chômage réel au Togo est probablement supérieur à 20%. Lorsqu’une économie est dans une situation comme celle du Togo où il y a une baisse du taux de croissance depuis 2014, on a, de façon tangible, une baisse de revenus générale créée par le pays. Cela veut dire que les entreprises ne créent plus assez de richesses et donc ne peuvent plus créer de l’emploi. Il est donc paradoxal qu’on annonce un taux de chômage de plein emploi dans une situation économique pareille », explique l’économiste.

Plus prudente, la Banque Africaine de Développement (BAD) dans le rapport Perspectives Économiques en Afrique 2018, publié en mars dernier, a indiqué que le taux de chômage au Togo est estimé à 3,4 %, avant de préciser que « le service public censé collecter les informations sur les demandeurs d’emploi n’est pas en mesure de fournir les statistiques réelles du chômage ». Dans la présentation de la situation économique de l’Afrique de l’Ouest, l’institution a- néanmoins- classé le Togo parmi les pays de la sous-région où « la part cumulée des emplois vulnérables et des chômeurs dans la population active varie entre 70% et 90% ».

Paradoxalement, un nombre de création d’entreprises en hausse

Curieusement, parallèlement à cette montée en flèche du chômage et de la pauvreté, la création d’entreprises se porte assez bien. Elle n’aura même jamais été aussi prolifique ces dernières années dans un pays comme le Togo, avec près de 13 770 nouvelles créations en 2021.

Le Togo est l’un des pays en Afrique où créer son entreprise est devenu un jeu d’enfant. En effet, dans un contexte marqué par la hausse du chômage, en particulier chez les jeunes et face à la pauvreté, l’entrepreneuriat avec la création des micro-entreprises apparait comme une solution et un correctif aux imperfections du marché du travail. Sur fond de flambée du chômage, le Togo semble avoir opté pour le développement des microcrédits, considéré comme un levier pour la création d’entreprise et la réinsertion. Selon les chiffres officiels, 178 milliards de francs CFA ont été dépensés ces dernières années pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes, à travers des programmes et projets nationaux. Par ailleurs, de 05 milliards de francs CFA en moyenne en 2013 et 2014, les ressources réservées à l’emploi et l’employabilité des jeunes sont montées à 15 milliards en 2018, soit le triple.

Mais, il semble que face au contexte économique national marqué par une monopolisation du marché par certaines entreprises proches du cercle du pouvoir, les jeunes sociétés peinent à percer. Sans perspectives enthousiasmantes, les entrepreneurs refusent à recruter. De ce fait, la création d’entreprise ne répond plus à une dynamique de création d’emploi.

L’Etat d’urgence sanitaire plonge les entreprises

Aussi, « Au premier semestre de 2020, 42 % des entreprises ont enregistré une réduction du volume de leur production dont 9 % des entreprises enregistrent une réduction comprise entre 0 et 25 % ; 10 % enregistrent une réduction comprise entre 25 et 50 % ; 11 % des entreprises enregistrent une réduction comprise entre 50 et 75 % ; et enfin 12% des entreprises enregistrent une réduction comprise entre 75 et 100%.. S’agissant des ventes, 76 % des entreprises ont enregistré une réduction de leur vente dont 13 % d’entre elles ont enregistré une réduction comprise entre 0 et 25 % ; 23 % ont enregistré une réduction comprise entre 25 et 50 % ; 22 % des entreprises ont enregistré une réduction comprise entre 50 et 75 % ; et enfin 27% des entreprises ont enregistré une réduction comprise entre 75 et 100% » a révélé une étude du Conseil national du patronat (CNP). Et de souligner, « une entreprise sur deux ont déclaré avoir réduit leur personnel. « Une forte majorité des entreprises (82 %) ont opté pour un arrêt partiel du travail (chômage technique) du perso le reste des entreprises interviewées (18 %) ont eu recours au licenciement du personnel ».

Source : Fraternité