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Prêt présidentiel, gratuité des frais scolaires… : Pourquoi les cadeaux du Président n’emballent toujours pas ?

Lomé, 30 décembre 2021. Exceptionnellement dans l’histoire du Togo, la capitale n’a jamais été autant morose en fin d’année contrairement à ce qui s’observe dans les capitales voisines. Même les guirlandes sont rares pendant que les visages sont vides sinon éprouvés par les consécutifs et impitoyables jougs auxquels ont été soumis le pouvoir d’achat du citoyen togolais sans la moindre pitié de l’État. Hagards, les responsables de famille attendaient juste le décompte des heures pour simuler un machin de festif avec leur histoire de sacrifier à la tradition du nouvel an, du moins juste pour les premières heures. Et c’est dans cette lancinante et désespérante atmosphère qu’apparaît, sur les écrans de la télévision nationales, le Président de la République pour ses vœux de nouvel an à ses concitoyens. Avec la moitié de l’esprit évasif et désespéré, le reste était pour autant auscultant un éventuel amende honorable du Président de 16 ans de pouvoir au moyen d’une annonce courageuse et surprenament généreuse. Et voici qu’après près de 5 minutes de discours, intervient le cadeau du Président. :« ..J’ai instruit le gouvernement d’accorder aux fonctionnaires des secteurs public et parapublic et aux retraités, dès la semaine prochaine, une avance d’un mois de salaire, qui sera remboursable par tranches mensuelles jusqu’en décembre 2022 »…

Lui, ce n’est pas l’autre

« Décidément lui c’est vraiment lui, et le père c’est le père, rien à avoir », s’est exprimé un fonctionnaire pour traduire sa déception face à cette déclaration à laquelle le fils d’Eyadema s’était certainement attendu à un accueil retentissant tels les hourras qui couvraient hier, il y a deux décennies encore, tous les quartiers quand feu Eyadema, dans son discours de veille de sa polémique fête du 13 janvier,– célébration de son accession au pouvoir en 1967, soit 4 ans, date pour date, après le meurtre du père de l’indépendance Sylvanus Olympio par un pelleton de soldats dont Eyadema était membre- accordait régulièrement des gratifications de 13e mois aux fonctionnaires d’État. Le fils qui commence par prendre de plus en plus les appétits du père pour le fauteuil a voulu certainement copier le pied de son géniteur à travers son offre du 30 décembre dernier. Mais pitch, son cadeau s’est aussitôt noyé dans l’océan de misère et de lassitude que ses 17 ans de règne ont vissé. Pour preuve, quelques heures après son discours, une séquence opposant son prêt présidentiel à l’augmentation de salaires, détaxation des bas salaires fixés désormais à 60.000f et création d’emploi décidées par son homologue, Patrice Talon, du Bénin voisin, été mis en orbite sur les réseaux sociaux. Sans commentaires !

Depuis le 04 janvier à ce jour, de la rue aux guichets de banques, l’ambiance est des plus mornes au sein des fonctionnaires comme si le président n’a rien offert. Soit !

Pourtant, c’est le lieu de rappeler que déjà quelques mois plus tôt, le gouvernement avait offert la gratuité des frais de scolarité dans l’enseignement secondaire pour le compte de l’année scolaire 2021-2022 et la prise en charge d’un mois de facture d’électricité pour les tranches sociales. Mais l’engouement des populations n’a, là également, pas été meilleur que ce qu’on observe depuis le 30 décembre dernier.

Du paracétamol contre le Palu

Le point commun de toutes les mesures énumérées plus haut est leur exclusivité. En effet, toutes ne sont réservées qu’à une catégorie de la population. « Sur les 8 millions de Togolais que nous sommes, le gouvernement a choisi de combattre la vie chère à travers moins de 60 000 personnes qui sont fonctionnaires », a posté un internaute à l’annonce du prêt présidentiel.

Aussi, en ce qui concerne la prise en charge d’un mois de tranches sociales sur les factures d’électricité, la question se pose de savoir combien de concitoyens sont bénéficiaires de cette catégorie déjà que seulement 50% de togolais tout au plus ont accès à l’électricité. Un panier dans lequel on reverse tous ceux qui ont accès à l’éclairage public soit le gros du lot. Concrètement, ils sont près de 700 000 branchés au reseau de la nationale d’énergie électrique soit seulement 8% de la population. Et ce ne sont pas tous qui sont sur le registre tranches sociales. Quand à l’accès à l’eau de la togolaise des eaux, ils sont autour de 100 000 sur la base des chiffres déclarés en 2019, soit seulement 0,8 % de la population.

Quid des millions de togolais qui n’ont ni accès à l’électricité ni à l’eau potable ? Les mêmes interrogations se sont posées durant le fameux programme « Novissi », qui consistait en des opérations de transferts monétaires visant à soutenir tout citoyen togolais éligible ayant perdu son revenu subséquemment aux mesures de riposte contre le Coronavirus. Au final, seulement 819 972 citoyens ont bénéficié de ce programme tambouriné sur tous les toits. Pourtant, c’est tout le tissu socioéconomique national qui a été affecté par le Coronavirus.

Et c’est dans ce même environnement que des licenciements de milliers de jeunes togolais ont été décidés par des entreprises de la zone franche sans outre mesures conséquentes de l’exécutif.

Au tableau des mesures sociales ciblées, on note le projet Wezou qui est venu en 2021 en appui à Carmma (Campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique) déployé depuis 2012 et qui, tous deux, visent à réduire la mortalité maternelle en couche. Les deux projets ont été précédés de la subvention décidée sur les coûts de la césarienne les réduisant ainsi à 10000f forfaitaire. Pour autant, le ouf auquel on aurait dû s’attendre au sein de la gente féminine n’a point été au rendez-vous. Plutôt la presse n’a de cesse rapporter des cas de surcoûts qui règnent toujours en norme dans les structures sanitaires d’État, pendant que des décès pour faute de prise en charge idoine de femmes en travail s’y dénoncent au jour le jour. Le retentissant cas récent de dame Laine survenu à l’hôpital prefectoral de Wetrivikondji à Lomé est encore vif dans les esprits.

Agitations contre vitesse

Précipitions et défauts de management : ce sont là les entre autres hics des solutions sociales décrétées par le pouvoir de Lomé. De ce fait, elles n’arrivent jamais à répondre aux besoins au regard du fossé qui est très profond.

Dans un rapport sur le Togo, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur l’esclavage, a indiqué qu’au Togo «les stratégies de réduction de la pauvreté ne comportent pas d’objectifs visant à créer des conditions permettant aux personnes vulnérables d’avoir un niveau de vie suffisant».

En effet, depuis de nombreuses années, bon nombre de programmes de lutte contre la pauvreté se sont soldés par des résultats mitigés loin de ce qui était escompté. Et pour cause, au lieu de considérer la pauvreté comme le produit de l’échec d’une dynamique économique, sociale et politique mal intégrée, on met dessus des sparadraps pour feindre d’y apporter des solutions. Il va de soi qu’une réelle volonté de desserrer l’étau de précarité qui s’étend de plus en plus au sein de la société togolaise passe par une résolution du pouvoir cinquantenaire de Lomé de renoncer à faire de la culture de la paupérisation et du nivellement vers le bas sa logique de survit.

In fine, les mesures de Faure Gnassingbé au lieu de renforcer le tissu social créent et des indignations qui n’augurent rien de bon pour le pays. Surtout en cette période où les terroristes menacent aux portes du pays. Sachant que les frustrations sont un terreau fertile pour l’extrémisme violent. Il y a donc nécessiter de repenser les mesures pour lutter efficacement et durablement contre la pauvreté et l’exclusion au Togo.

FRATERNITE

 

 

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