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Togo : État de terreur

« Le dirigeant africain n’a peur de rien ni de personne. C’est le plus terrible de la planète. L’État, c’est lui ! » (Tierno Monénembo)

Plus les années passent et plus Faure Gnassingbé qui a fait le choix de s’éterniser au pouvoir comme son géniteur, sombre dans des dérives autoritaristes. Opposants, activistes, journalistes sont impitoyablement traqués, arrêtés et jetés en prison sans autres formes de procès. A la manœuvre, le Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC), la Brigade de recherches et d’investigations (BRI), des polices politiques de Faure Gnassingbé et bras obscurs des FAT, et la justice, le bras armé du régime.

« Ce régime n’a pas changé. La violence était et reste son ADN, sa marque de fabrique, son fil-rouge, son pilier : le primat de la Force brutale sur le Droit, sur le Droit des populations désarmées », charge un acteur politique. Oui, au Togo des Gnassingbé où on gouverne par la terreur, critiquer un ministre peut valoir à leurs auteurs la prison. Deux confrères, Ferdinand Ayité et Joël Egah en ont fait la douloureuse expérience. Pour avoir fustigé le silence révoltant de deux ministres qui font office d’hommes de Dieu (pasteurs) face aux injustices, aux arrestations arbitraires, aux violences et assassinats et autres crimes économiques, les deux confrères ont été convoqués à la BRI, accusés d’outrage à l’autorité, de diffamation et d’incitation à la haine et placés sous mandat de dépôt le 10 décembre où le monde entier célèbre la déclaration universelle des droits de l’Homme.

Le lendemain, c’est au tour de l’activiste Fovi Katakou, membre du Front citoyen Togo Debout et du Mouvement Nubueké d’être embarqué par des éléments du SCRIC ; son domicile a été passé au peigne fin. Son crime, ses critiques acerbes contre le régime cinquantenaire des Gnassingbé qui a érigé la force et la peur comme mode de gouvernance.

Quatre semaines plutôt, un autre activiste politique, Jean-Paul Oumolou, réfugié politique en Suisse, a été brutalement arrêté au petit matin du 4 novembre 2021, de retour au Togo, par des éléments de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie (USIG). Accusé d’« incitation à la révolte et d’apologie de crime », il est coincé depuis lors entre quatre murs. Tous ces otages viennent grossir les rangs de la centaine de détenus politiques qui croupissent depuis plusieurs mois dans des conditions exécrables et inhumaines dans les geôles de la dictature, pour avoir usé de leur droit de liberté d’opinion.

Dans ce même pays, au nom de la lutte contre le Covid-19, en avril 2020, après l’élection présidentielle calamiteuse au cours de laquelle Faure Gnassingbé s’est octroyé un quatrième mandat dont il est de notoriété publique qu’il a subi un Waterloo électoral, une dizaine de compatriotes avaient été assassinés. En plus d’un officier supérieur de l’armée lâchement assassiné dans son bureau à la garnison. Presque 20 mois après le meurtre, les auteurs ne sont toujours pas connus. La situation dans le pays devient inquiétante. Personne n’est à l’abri. Personne, quels que soient son rang et le lieu où il se trouve, n’est véritablement à l’abri d’un enlèvement.

Les arrestations des journalistes et activistes politiques interviennent après le passage de Madame le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé, celle-là même qui s’est engagée au parlement monolithique à « gouverner autrement » et où elle a proféré des menaces contre les Togolais. « Nous devons commencer à faire peur », avait-elle insisté sans gêne. Depuis, on assiste à des arrestations en cascade de leaders d’opinion. Vive la tyrannie !

Médard Amétépé

Source : Liberté

 

 

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